Un personnel collaborateur et emphatique dans la crise du COVID

La routine de travail a beaucoup changé au Manoir du Quartier, depuis le début de la pandémie. Les employés se sont ajustés rapidement, avec une forte empathie pour les résidents.

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«On s’est viré sur un dix cents après une importante réunion. Il faut se demander où un résident a l’habitude de poser ses mains. Nous portons toujours un masque et des gants quand on travaille», explique Jacques Beaudoin, coordonnateur à la maintenance.

Les employés en cuisine ont ajusté les portions à la hausse. «Les résidents mangent davantage parce qu’ils restent plus souvent dans leurs appartements. Chaque semaine, on leur réserve une surprise avec le menu», dit Marie-Ann Garant, coordonnatrice du service alimentaire.

Le département des soins, habitué aux règles hygiéniques strictes, a transmis son savoir aux coordonnateurs et employés des autres secteurs.

«Chaque jour, je donne un point de presse sur le Facebook réservé aux employés. Les règles changent souvent, selon ce que dit le gouvernement. Le travail est réorganisé, tout en gardant la productivité. Nous avons aussi une mission d’éducation auprès des résidents», mentionne Cynthia Gilbert, coordonnatrice aux soins.

Même les procédures à l’accueil ont été revues en entier. «Des employés de la salle à manger sont venus aider pour que la réception fonctionne 24 heures par jour. Les entrées et sorties sont devenues une grosse gestion. Comme les visites sont interdites, les livraisons de produits pour les familles sont laissées à l’accueil et portées à chaque logement», précise Peggy Poulin, directrice au Manoir du Quartier.

Contrôler son anxiété

Jusqu’ici, aucun cas de COVID-19 n’a été déclaré dans l’établissement. Si les résidents demeurent sur place, chaque employé retourne à sa vie personnelle après le travail. Un stress élevé fait partie de leur quotidien.

«J’ai plus de misère à dormir. On essaie d’anticiper ce qui peut arriver, surtout s’il y aura une deuxième vague à l’automne. Il suffirait d’un seul cas pour causer une éclosion dans le bâtiment. Le monde ne sera plus pareil. Il y aura un avant et après COVID», dit Jacques Beaudoin.

«Mon chum est camionneur. Comme moi, il est un service essentiel. Nos enfants (six et trois ans) vont à l’école et à la garderie. On s’adapte à cette nouvelle routine. Au travail, nous faisons plus de réunions d’équipe. Je crois que ça va rester, car on voit l’utilité», d’ajouter Marie-Ann Garant.

Cynthia Gilbert, une femme carburant aux situations stressantes, voit la pandémie de COVID-19 comme un défi stimulant. Elle supervise plusieurs préposées aux bénéficiaires et infirmières auxiliaires.

«C’est devenu plus que des soins, suivis médicaux ou distributions de médicaments. Avec le déconfinement, on développe l’autosurveillance des symptômes. Les employés ont un grand sentiment d’appartenance au manoir. C’est une belle grande famille», mentionne-t-elle.

Ces travailleurs essentiels sont souvent apostrophés comme des anges gardiens. «C’est notre plus beau cadeau, meilleur que la paie de la semaine. Nous sommes là pour nos aînés», conclut M. Beaudoin.