«Un pincement au cœur» – Sr Denise Rodrigue

Une page d’histoire se tourne avec la démolition de la Résidence du Bon-Pasteur à Saint-Georges. Pour Sœur Denise Rodrigue qui était Supérieure et Économe du bâtiment de 1998 à 2007, c’est d’une grande tristesse de voir la fin de celui-ci.

Ayant récemment visité les lieux de la démolition, Sr Rodrigue a pu constater que la résidence n’est plus qu’un amas de pierres et de poussières. «La démolition achève, on dirait un corps mort», se désole-t-elle.

Certes, une partie de l’héritage de 130 ans de présence des Sœurs du Bon-Pasteur à Saint-Georges s’efface avec la destruction de l’ancien foyer. Pour Sr Rodrigue, il n’est aucunement question de blâmer la Ville pour cette décision.

«C’est difficile de se prononcer sur cela. Il faut croire que cela est peut-être meilleur pour l’avenir de Saint-Georges. Tout ce que je peux mentionner, c’est que cela a abîmé notre cœur. Pour ma part, c’est ma place natale et j’y suis attachée», souligne Sr Rodrigue, membre de cette congrégation depuis 66 ans.

Sr Rodrigue a vu de près la construction de ce bâtiment en 1945 lorsqu’elle étudiait au couvent (centre culturel Marie-Fitzbach). Elle a même eu la tâche de laver les fenêtres du Foyer avant l’arrivée de nouvelles travailleuses. «J’ai vu arriver les Polonaises lorsqu’elles sont entrées dans la maison», raconte Sr Rodrigue.

Ces Polonaises, provenant d’un camp de concentration, devaient combler un manque de main-d’œuvre à la Dionne Spinning Mills à la fin des années ’40. En raison d’une grève, la presque totalité de ces immigrantes a quitté la région. «Il en reste une à Saint-Georges, et je vais la voir régulièrement», partage-t-elle.

Un deuxième deuil

La démolition est en quelque sorte un deuxième deuil pour Sr Rodrigue. En raison de diverses contraintes financières, techniques et le vieillissement des soeurs, la congrégation a dû fermer leur foyer pour personnes âgées en 2004. Par la suite, les locaux du Foyer ont servi à diverses organisations avant son transfert à la Ville en 2010.

«Cela m’avait donné un plus dur coup», affirme Sr Rodrigue ayant quitté Saint-Georges en 2007.

Malgré ses 87 années de naissance, Sr Rodrigue poursuivra sa mission à Québec, et ce, aussi longtemps que sa santé lui permettra. «J’ai encore tant à faire», conclut celle qui a eu l’appel de Dieu en 1949.