Un traumatisme à l’origine de son métier
Pierre-Maxime Fugère a toujours été fasciné par la mort. À l’âge de 14 ans, son parrain s’est suicidé. Son corps avait été retrouvé à sa résidence quelques jours plus tard.
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Lors de la cérémonie au salon funéraire, il a posé plusieurs questions au directeur de funérailles à propos de l’embaumement, du cercueil, etc. «Il m’a tout expliqué et il m’a même invité à aller visiter son bureau-chef, là où il y a le laboratoire, les cercueils et les voitures. À la suite de ma visite, j’étais engagé pour passer la “moppe”», se remémore-t-il.
Quelques mois plus tard, le thanatologue plaçait des fleurs autour du cercueil d’un camarade de classe qui s’était enlevé la vie avec une arme de chasse. «Son père se tenait près du cercueil, qui était fermé, et a demandé à voir son fils. Le directeur lui a expliqué qu’en raison des circonstances, il n’avait pas été en mesure d’effacer les traces laissées par l’arme. Le père s’est alors fâché et le directeur m’a demandé d’ouvrir le cercueil», raconte M. Fugère.
Au moment de l’ouverture, le directeur a tenté de camoufler la tête de l’adolescent avec des mouchoirs, mais le père et lui ont tout vu. «Le directeur a déposé des mouchoirs sur ce qui était supposé être le visage du jeune homme, mais j’avais tout vu et encore pire, son père aussi. C’est alors qu’il s’est mis à crier, à pleurer et est devenu hystérique. Un moment de souffrance si intense et si vrai que je n’ai pas pu rester là. Je suis allez à la salle de bain et j’ai pleuré», confie-t-il.
Le véritable traumatisme s’est toutefois produit un an plus tard. M. Fugère plaçait alors des fleurs autour d’une urne lorsqu’il reconnaît les deux personnes sur la photo placée à côté, soit l’adolescent qui s’est enlevé la vie l’année précédente et son père. Ce dernier a mis fin à ses jours de la même façon exactement un an plus tard. «J’ai demandé au directeur du salon funéraire pourquoi ce n’était pas un cercueil exposé et il m’a alors expliqué que ce genre de cas ne s’expose pas, que c’est un travail de chirurgien impossible et qu’il est mieux de procéder à la crémation quand les dommages sont trop importants. C’est à ce moment que je me suis dit: “Moi, je vais le faire, c’est trop important et cela bouclera les services offerts par ma famille.”», se souvient-il.
Il faut dire que sa famille a toujours pris soin des gens. «Ma mère était infirmière au foyer de l’ouest et au Bon Pasteur à Saint-Georges. Elle a aussi travaillé au Soleil de l’enfance. Ma grand-mère avait pour sa part une pouponnière à la maison où elle a gardé près de 2000 bébés», conclut le Beauceron.