Une excursion mémorable pour Yanik Bisson-Lessard
Aventurier dans l’âme, Yanik Bisson-Lessard de Saint-Georges a mis 33 jours à pied pour franchir les 650 kilomètres du Sentier international des Appalaches au Québec qui va de la vallée de la Matapédia jusqu’à la pointe du parc Forillon en Gaspésie. Une aventure qu’il n’oubliera pas de sitôt.
Équipé de ses bâtons de marche, d’un sac à dos avec tout son attirail de camping et cinq jours de nourriture sèche pesant 35 livres, il est parti le 1er juillet de la Matapédia pour conclure son aventure le 2 août à Cap-Gaspé. «En 33 jours, je n’ai que dormi huit jours dans ma tente. Sur le sentier, il y a des abris simples en bois où l’on peut dormir au sec. Je me suis payé le luxe d’un motel une fois sur ma route parce que j’avais besoin de bien manger, de faire mon lavage et surtout de me reposer dans un lit», raconte le jeune aventurier.
Le Georgien est fier de son exploit puisque seulement une quinzaine de randonneurs complète ce sentier classé comme la seule «Grande randonnée» en Amérique du Nord sanctionnée par la Fédération française de la randonnée pédestre. «J’adore le plein air, c’est ma passion. Je voulais faire quelque chose de plus difficile de ce que j’étais habitué afin de surpasser mes limites. Quand je suis arrivé à la fin du parcours de Cap-Gaspé, j’étais fier et très content d’avoir réussi ce bel accomplissement», commente le jeune homme de 26 ans.
Plus qu’une simple expédition
Son parcours a été semé de défis dont une portion de 250 kilomètres dans la réserve faunique de Matane et le parc national de la Gaspésie. Il a dû gravir la chaîne de montagnes des Chics-Chocs, dont le deuxième plus haut sommet au Québec, le mont Jacques-Cartier (1270 mètres d’altitude). «C’est le segment le plus dur, le plus montagneux et le plus isolé. Après celui-ci, je savais que j’aurais été capable de terminer le sentier. Toutefois, ce ne sont pas les montagnes qui ont été difficiles, mais plutôt la solitude. Il y a des journées que je n’ai croisé personne sur ma route. Ma meilleure journée, dans ce segment, c’est lorsque j’ai rencontré deux orignaux et trois humains», blague-t-il.
En plus de voir des orignaux, qui sont en abondance dans cette région du Québec, il s’estime chanceux d’avoir aperçu un caribou, mais un peu moins lorsqu’il a croisé la route d’un ours. «J’ai eu un peu peur. L’ours est parti de son côté et moi du mien. J’ai continué à faire du bruit pendant une quinzaine de minutes pour qu’il s’éloigne du sentier», partage celui-ci.
Au bout du compte, il revient de son périple satisfait avec de nombreuses images à couper le souffle de la Matapédia jusqu’au Golfe du St-Laurent. «Je conserve de beaux souvenirs de cette expérience-là. J’ai tellement rencontré de gens gentils sur mon passage. Certains m’ont donné des bières ou d’autres m’ont invité à souper avec eux. Ces gens voient que tu réalises quelque chose de difficile alors que tu es peu équipé et que tu manges de la nourriture déshydratée. Sur le plan humain, c’est super enrichissant», commente ce dernier.
Yanik songe déjà à son prochain défi qu’il aimerait accomplir en groupe et peut-être avec son jeune frère qui aime également l’aventure.
L’art de bien se préparer
Pour partir en randonnée autonome pendant 33 jours, Yanik, considère que la clé du succès est dans la préparation. «L’organisation du sentier recommande d’avoir beaucoup d’expérience. D’un, tu dois être très bien équipé, avoir de bonnes bottes et un bon sac. Il faut être en forme, débrouillard et surtout avoir confiance en ses moyens», dit celui ayant fait plusieurs expéditions du genre au Québec ainsi qu’aux États-Unis.
«J’ai vu quelques personnes abandonner en raison de blessures, de défaillance d’équipements ou encore par manque de préparation. Moi, je m’étais même fait envoyer de la nourriture dans quatre dépôts. Je m’étais aussi procuré de pilules pour traiter de l’eau», ajoute Yanik qui a su éviter les avaries.
Initié à la survie en forêt lorsqu’il était cadet à Saint-Georges, il a aussi déjà été guide d’excursions de canot-camping pendant 23 jours en Mauricie pendant cinq ans. «C’est vraiment là que j’ai appris à ne pas paniquer en forêt. Je n’aurais pas pu faire cette expédition de 33 jours sans avoir vécu cette expérience», croit-il.