Une expérience inoubliable pour des pompiers de la Beauce

À La Malbaie pendant six jours, trois sapeurs de Beauceville ont eu la chance de vivre la vie de pompier à temps plein en caserne. Travaillant de jour et de nuit sur des quarts de 12 heures, ces derniers ont assuré la sécurité incendie lors du Sommet du G7. En entrevue avec le journal le mercredi 13 juin, ils ont qualifié leur expérience d’inoubliable.

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C’est Jean-Michel Laliberté, natif de La Malbaie, qui a permis à ses deux collègues beaucerons de faire partie de cet événement d’envergure internationale. Pour l’occasion, il a téléphoné à quelques contacts dans son ancienne ville pour essayer de faire partie de ceux qui seraient déployés à Charlevoix. Le projet a donc commencé à se concrétiser pour les Beaucevillois d’origine et d’adoption en avril 2018. Leur présence a finalement été confirmée environ un mois avant la tenue du Sommet du G7.

Le départ des trois principaux intéressés a d’ailleurs été grandement facilité par la compréhension de leurs familles et de leurs employeurs, ainsi que de la Ville de Beauceville qui a voulu embarquer dans l’aventure. «On a demandé de quitter notre emploi pendant une semaine avec à peine un mois de préavis. Nos employeurs ont accepté notre départ malgré les dangers reliés au contrat de service qui nous attendait là-bas. Ils nous ont même encouragés à y aller», explique le lieutenant Frédéric Morin.

Pompiers et pompière à Beauceville depuis respectivement 19 ans, 5 ans et 3 ans, Frédéric Morin, Jean-Michel Laliberté et Jessie Gagné ont été affectés à deux casernes situées dans la zone résidentielle du G7, l’une dans le centre-ville de La Malbaie et l’autre dans le secteur Saint-Fidèle, à quelque 15 kilomètres de là.

De l’adaptation rapide

Pendant leur séjour dans la région de Charlevoix, Frédéric Morin, Jessie Gagné et Jean-Michel Laliberté ont fait face à de nombreuses situations auxquelles ils ont dû s’adapter en quelques heures seulement

Le lieutenant Frédéric Morin assiste à une démonstration d’équipements dans une caserne incendie de La Malbaie.

«Nous avons été mis au courant de quels gazs pouvaient être utilisés par des manifestants, du fonctionnement de l’échelle aérienne et des pinces de désincarcération entre autres, et nous avons également pris connaissance des plans du Manoir Richelieu où se trouvaient les sept dignitaires ainsi que des plans de la zone rouge (zone contrôlée), le tout lors d’une formation en classe en un avant-midi, le mardi 5 juin», commente Frédéric Morin.

Ils ont ensuite pris connaissance des équipements qui étaient mis à leur disposition en après-midi la même journée. «Nous devions nous familiariser avec de l’équipement qui ne nous était pas inconnu, mais qui n’était pas à l’emplacement où on le connais habituellement dans nos camions», ajoute-t-il.

Sortir de leur zone de confort

Au cours des quatre jours d’opérations, les pompiers du Service de sécurité incendie de Beauceville ont été amenés à sortir de leur zone de confort. «Ce qui était impressionnant, c’était le nombre de convois de dignitaires et de véhicules blindés qu’on a vus, ce qui représentait un risque à gérer sur tout le territoire de La Malbaie», mentionne M. Morin. Notons que la population de La Malbaie est passée de 8000 à 12 000 personnes en l’espace d’une semaine dans le cadre de la rencontre entre les dirigeants des sept pays participants.

«Voir des officiers de la Gendarmerie royale du Canada, des policiers anti-émeutes partout et des hélicoptères qui nous survolaient, c’était vraiment impressionnant», renchérit le lieutenant.

Faire face à l’inconnu a aussi été un défi pour ces derniers. «Notre cerveau essayait de prévoir ce qui allait se passer. On se faisait toute sortes de scénarios lorsqu’on recevait un appel. À Beauceville, on sait à quoi s’attendre quand on embarque dans le camion. Ici, c’était de l’inconnu à chaque fois», raconte Jean-Michel Laliberté en entrevue avec l’Éclaireur Progrès.

L’opportunité d’une vie

Accompagnés de quatre pompiers de Saint-Joseph-de-Beauce et de deux pompiers de Saint-Odilon-de-Cranbourne, un total de neuf ambassadeurs de la Beauce se trouvaient au Sommet du G7. Notons que ce sont 40 pompiers de l’extérieur qui se sont joints aux quelque 25 locaux déjà en mission sur le territoire de La Malbaie.

Neuf pompiers de la Beauce se trouvaient au Sommet du G7, soit trois de Beauceville, quatre de Saint-Joseph-de-Beauce et deux de Saint-Odilon-de-Cranbourne.

«J’avais peur de voir comment on allait s’intégrer au groupe et comment on allait être reçus. Finalement, tout le monde avait un but commun, peu importe la couleur de leur uniforme. De beaux liens d’amitié et un esprit de camaraderie se sont formés sur place», explique Jessie Gagné, déjà nostalgique de son expérience.

Oeuvrant habituellement à temps partiel en Beauce, la vie de caserne de A à Z, incluant la cohabitation avec d’autres collègues, a particulièrement charmé les trois pompiers, en plus du caractère exclusif de l’événement.

«Les chances que nous avons de participer à nouveau à un tel événement sont minimes. Comme le G7 revient au Canada à tous les sept ans et que la dernière fois qu’il s’est déroulé au Québec remonte au mois de juillet 1981 sous Pierre Elliott Trudeau, c’est vraiment la chance d’une vie que nous avons saisie», conclut Frédéric Morin.