Une fiducie pour protéger les terres agricoles contre la spéculation
Regroupant plus de 600 personnes, le 95e congrès annuel de l’Union des producteurs agricoles (UPA) s’est déroulé du 3 au 5 décembre à Québec, sur le thème «Produire, nourrir, ici et maintenant».
L’élément principal ressorti du congrès est la création de la Fiducie UPA-Fondaction. Indépendante de l’UPA et de Fondaction, cette fiducie d’utilité sociale, à but non lucratif, garantira à perpétuité la vocation agricole des terres acquises.
Elles seront retirées du marché spéculatif par des baux de location de longue durée, avec des loyers indexés aux taux inférieurs des sociétés d’investissement, comme Pangea.
«Ces sociétés achètent des terres agricoles, font grimper les prix et obligent les agriculteurs à s’approvisionner avec leurs produits. Notre fiducie favorisera l’accès à des projets agricoles portés par la relève et les entreprises existantes en consolidation», dit James Allen, président de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches.
Fait à noter, Pangea compte sur le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) parmi ses commanditaires. Fondaction est un fonds pour la coopération et l’emploi, créé en 1996 par la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
«Ça nous prenait un levier économique pour concevoir notre propre modèle à valeur sociale. Nous combattrons à armes égales face aux grands acquéreurs d’actifs agricoles», explique M. Allen.
Pour la relève agricole, aucune mise de fonds ne sera requise pour l’achat de terres. La fiducie propose aussi des avantages comme des ententes sécurisées améliorant la prévisibilité pour les entreprises, ainsi qu’un bail transférable et un droit de rachat consenti au producteur exploitant.
Disposant d’un financement de départ de 9,3 M$, la Fiducie UPA-Fondaction commencera ses activités en janvier prochain. La mise en place des projets initiaux est prévue dès la première année.
Libre-échange
Le congrès de l’UPA a permis de faire le point sur d’autres enjeux agricoles, comme la fiscalité foncière, l’agroenvironnement, la protection de la zone verte, de même que les programmes provinciaux et fédéraux de gestion des risques. Les accords internationaux ont également été au cœur des discussions.
«Les marchés de plus en plus ouverts représentent des opportunités, mais exigent que nos gouvernements soient compétitifs. Les agriculteurs ne peuvent pas assumer seuls la pression des conflits commerciaux, la concurrence d’aliments étrangers qui ne respectent pas nos normes, les exigences environnementales et les attentes sociétales entraînant des coûts que nous ne pouvons transférer aux marchés», indique Marcel Groleau, président-directeur général de l’UPA.
Le nouvel accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada (AEUMC) a été signé cinq jours après le congrès (10 décembre). Il sera ratifié par le Congrès américain à une date imprécise en 2020.
«On ne veut pas être perdant sur toute la ligne. Nous vivons encore les pertes reliées à l’accord entre le Canada et l’Europe. L’AEUMC peut encore être révisé pour bonifier nos avantages agricoles, surtout chez les producteurs laitiers», soutient James Allen.