Une formule gagnante déjà testée avec Manac

L’entente de privatisation entre Groupe Canam et American Industrial Partners (AIP) devrait durer de cinq à sept ans selon Marcel Dutil, président du conseil d’administration.

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«AIP ne sera pas là pour les prochains vingt ans. C’est leur métier de créer de la valeur dans une compagnie. Après cela, ils ramassent leurs billes et s’en vont chez eux. On se marie avec AIP, mais on prépare le divorce aussi», a-t-il dit au terme de l’assemblée générale annuelle des actionnaires tenue le 28 avril à Saint-Georges.

Marcel Dutil rappelle qu’AIP a déjà été actionnaire à 50 % pendant trois ans dans Manac, entreprise en construction de semi-remorques appartenant aussi à la famille Dutil, pour mener à sa privatisation en 2015. «Manac est aujourd’hui une compagnie privée 100 % québécoise», d’ajouter celui-ci.

«Depuis cinq ans, sur le conseil d’administration de Canam, les membres disaient que ça aurait pris un ou deux Américains. On a besoin de l’expérience et des contacts aux États-Unis. Il faut focuser sur ce qui est bon pour l’entreprise maintenant et ne pas avoir un regard politique», croit Marc Dutil, président et chef de la direction.

Faibles risques

Canam reviendrait ainsi à court terme à son mandat privé d’origine. Fondée en 1960 par Roger Dutil, père de Marcel et grand-père de Marc, la compagnie a fait le saut à la Bourse de Montréal en 1984.

Selon Marc Dutil, certains investisseurs préfèrent maintenant placer leur argent dans des capitaux à faible risque.

«La nature cyclique et risquée de l’industrie de la construction, spécialement quand on a une pression de grandir, aura vexé et parfois déplu aux acteurs des marchés de financement public recherchant une plus grande stabilité et l’absence de surprises», mentionne-t-il.

L’exercice financier 2016 montrait des revenus de 1856,9 M$ pour l’entreprise, en hausse de 250 M$ (15,6 %). Toutefois, la société a enregistré une perte nette attribuable aux actionnaires de 13,3 M$, soit 28 cents par action, contrairement à un gain net de 46,8 M$ en 2015 à 1,09 $ l’action.

Cela s’explique par la provision de 32 M$ après impôts au deuxième trimestre de l’année dernière engendré par des coûts additionnels importants dans un projet de charpente métallique lourde et à l’impact défavorable de projets de ponts aux États-Unis.

Le carnet de commandes totalisait 1139 M$ au 31 décembre 2016, soit 44 M$ de moins que l’année précédente. Les projets américains représentaient 69 % de ce cahier.

«Sachant qu’un seul projet, bon ou mauvais, peut transformer nos résultats à presque 180 degrés, construire un modèle financier de Canam stable, c’est vraiment difficile. Je ne blâmerai jamais nos actionnaires. Vous avez été patients avec nous. Les analystes financiers ont essayé de comprendre une cible mouvante, de la décrire de façon précise et avec l’objectif impossible de recommencer cela tous les trois mois», conclut Marc Dutil.

Résultats du premier trimestre

Les revenus consolidés du premier trimestre de 2017 pour Canam se sont élevés à 463,5 M$, en hausse de 12,8 M$ pour le même trimestre en 2016. La perte nette attribuable aux actionnaires s’établit toutefois à 1,6 M$, ou quatre cents par action, comparativement à un résultat net de 8,3 M$ (18 cents par action) en 2016.

«Les résultats sont affectés par des surcoûts reliés à des projets de ponts aux États-Unis et de charpente métallique lourde, ainsi qu’un marché canadien de la construction non résidentielle plus faible, ce qui a exercé une pression sur les marges bénéficiaires», explique Marc Dutil, président et chef de la direction.

Étant donné l’annonce de la transaction entre Canam et AIP, le conseil d’administration a décidé de suspendre le paiement de dividende.