Une mauvaise saison des sucres à l’horizon ?

La météo est un important facteur définissant la qualité d’une saison acéricole. En 2019, plusieurs producteurs pourraient récolter l’eau d’érable tardivement et sur une courte période.

«Normalement en Beauce, les érables commencent à couler vers la mi-mars et la saison s’entrecoupe une ou deux fois, selon les gels et redoux. Les deux dernières saisons, on avait commencé à la fin février. C’est rare chez nous, mais pas au sud du Québec où la température chaude arrive plus tôt», explique Marcel Larochelle, producteur et président du Syndicat des acériculteurs de la Beauce.

Pour des conditions optimales à l’écoulement de la sève, les températures doivent être près de -5 degrés la nuit et de 5 degrés le jour. Jusqu’ici, les importantes quantités de neige et mercures froids n’ont pas facilité le travail des acériculteurs.

«L’entaillage est difficile cette saison, car la neige est haute et sans aucune solidité. Les producteurs pouvaient caler de six pouces à un pied en se rendant à leurs érables», confirme M. Larochelle.

Il s’attend à une saison très courte qui pourrait s’amorcer aussi tard qu’au début avril. «En Beauce, les producteurs pourraient atteindre 50 % de leur quota, ce qui serait pire que l’an dernier. Plus les producteurs se trouvent au nord de la région, plus ça risque d’être difficile», d’ajouter M. Larochelle.

Quel goût de sirop sera prédominant en 2019 ?
(Gracieuseté – Producteurs et productrices acéricoles du Québec)

Fait à noter, la Semaine sainte est généralement la meilleure pour la production, qu’importe le moment où elle se déroule.

«Comme Pâques est vraiment tard cette année (21 avril), on risque de se ramasser avec du temps chaud trop rapidement, ce qui va affecter le goût du sirop», pense Marcel Larochelle.

Réserve stratégique et projet-pilote

Le secteur acéricole n’échappe pas au manque de main-d’œuvre. Malgré une meilleure automatisation des érablières, le problème frappe de plein fouet la majorité des producteurs.

«En plus, le marché d’exportation est en hausse de 11 %. Nous devons présentement piger dans la réserve stratégique pour répondre aux demandes», dit Marcel Larochelle.

La réserve stratégique pallie les impacts apportés par une fluctuation annuelle de la production, sur la baisse ou la hausse des prix du sirop. Cet automne, elle contenait 95,7 millions de livres de sirop. De ce total, 21,2 millions de livres était classé VR5 (sirop de bourgeon).

En collaboration avec l’Université de Montréal, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PAPQ) ont développé un test colorimétrique pour mieux détecter les sirops au goût de bourgeon.

«Des essais pilotes auront lieu dans toutes les régions sur la récolte de cette saison. C’est un sirop industriel difficile à vendre sur le marché», rappelle Marcel Larochelle.

En 2018 au Québec, plus de la moitié du sirop recueilli (55 %) a été étiqueté comme ambré (goût riche). Le sirop doré (goût délicat), foncé (goût robuste) et très foncé (goût prononcé) représentait 21 %, 19 % et 4 % de la production. Seulement 1 % du sirop avait été désigné comme VR5.