Une ressource forestière insuffisamment exploitée ?

En octobre, l’Institut économique de Montréal (IDEM) a publié un document sur les ressources forestières du Québec, qui ne seraient pas exploitées à leur plein potentiel. Celui-ci a eu des résonances auprès de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB).

Intitulée Forêts québécoises : des centaines de millions perdus dans nos régions chaque année, la publication a été écrite par Miguel Ouellette, économiste et directeur des opérations de l’IEDM.

Selon lui, moins de 1% de la forêt serait exploitée sur une base annuelle. Elle se régénérerait plus rapidement qu’elle n’est coupée.

« Alors que le gouvernement s’apprête à revoir le régime forestier de la province, des écologistes s’activent afin de freiner l’exploitation. Peu importe ce que peuvent raconter Greenpeace et les ONG, le Québec n’exploite pas son plein potentiel forestier et laisse beaucoup d’argent sur la table », dit M. Ouellette.

Dans son analyse, l’économiste précise que 72 % des joueurs de l’industrie forestière sont de petites entreprises et que 90 % d’entre elles sont situées en dehors de Montréal et Québec.

« Afin de prospérer, nos régions ont besoin de bons emplois. Le salaire moyen en aménagement forestier est de 68 000$, ce qui représente 55% de plus que la moyenne de la province », indique Miguel Ouellette.

Et le privé ?

Pour Martin Ladouceur, directeur général de l’APBB, l’IDEM fait fausse route en insistant seulement sur le potentiel de la forêt publique.

« Il est inadmissible de ne faire aucune mention de la forêt privée dans une analyse du secteur forestier québécois. L’article réfère à 92% de forêt publique au Québec, donc 8% de forêt privée. Dans les faits, la forêt privée représente 16% de la superficie de la forêt productive du Québec et environ le tiers de la possibilité forestière totale. Les forêts privées sont plus productives que la forêt publique », affirme M. Ladouceur.

Cependant, il trouve intéressant que l’IEDM valorise le potentiel du secteur forestier dans l’économie québécoise.

« C’est un secteur d’avenir qui fait souvent l’objet de critiques non fondées. Présentement, nous récoltons plus que la possibilité forestière annuelle de résineux sur notre territoire. Il faut savoir que, pendant plusieurs années, nous étions bien en deçà de cette possibilité. Nous récoltons les intérêts inutilisés du passé, sans affecter le capital forestier », dit Martin Ladouceur.

Miguel Ouellette avoue que les données sur les forêts privées sont moins accessibles que celles des forêts publiques.

« Je souhaite que les propriétaires privées soient à la table des discussions (pour la nouvelle mouture du régime forestier). Nous devons nous rapprocher d’un taux d’exploitation de 95%, comme il prévaut en Colombie-Britannique », conclut-il.