Une seconde expérience encore plus marquante aux 24 heures du Mans

Après s’être fait connaître en 2015 en tant que mécanicien pour l’écurie Jackie Chan DC Racing x Jota Sport, Jean-François Nadeau de Saint-Côme, a vu ses tâches changer grandement au sein de l’équipe pour sa seconde participation aux 24 heures du Mans.

Le mécanicien beauceron était aux anges d’avoir la chance de retourner à la mythique course et son implication a évolué grandement. Il ne s’occupe plus que des pneumatiques. «Mes tâches ont changé grandement cette année. L’équipe me connaissait et savait mes compétences. J’étais entièrement sur la voiture. Suspensions, freins, dans le cockpit et j’ai appris beaucoup de choses et de nouvelles techniques, dont sur la fibre de carbone avec laquelle je n’avais jamais travaillé», explique Jean-François Nadeau.

Parmi les nouvelles normes de 2017, le cockpit des voitures doit maintenant être fermé et la température intérieure ne peut excéder de plus de sept degrés la température extérieure. «Donc ma compétence entrait en jeu, la climatisation c’est mon champ d’expertise», souligne le mécanicien spécialisé en électronique, électrique et en air climatisé. «Donc, j’avais ça qui était nouveau, mais j’ai aussi entraîné quelques gars là-bas pour qu’ils soient plus à l’aise. Il y a des mécaniciens spécialisés dans chaque domaine», mentionne M. Nadeau.

Il a aussi été plus impliqué lors des arrêts aux puits. Jean-François Nadeau faisait partie des quatre mécanos qui ont le droit de toucher à la voiture lors des arrêts. «J’étais impliqué au niveau des pleins d’essence. Un mécanicien collecte le boyau et moi je contrôlais la valve pour contrôle l’ouverture et la fermeture de l’essence. […] C’est un peu comme une chorégraphie qu’on pratique de nombreuses fois. Toutes les actions sont détaillées en millisecondes dans un fichier Excel pour voir si on ne pourrait pas éliminer quelques millisecondes à chaque tâche», expose celui qui est aussi enseignant en mécanique.

Retour l’an prochain ?

Si rien n’est encore conclu pour la course en 2018, il semble que Jean-François Nadeau participera de nouveau aux 24 heures du Mans. «Déjà dans les paroles que l’on s’est échangé, ça regarde bien pour l’an prochain», se réjouit M. Nadeau.

Participer à cette course qui a pour but de développer le futur de l’automobile est toute une aventure pour M. Nadeau, qui était le seul originaire de l’Amérique. «Il y a beaucoup de monde de l’Angleterre, mais aussi du Japon, de la Chine et d’ailleurs. Il y a plusieurs nationalités, mais comme on est toujours ensemble pendant 21 jours, on apprend d’eux».
Si l’opportunité de joindre l’équipe officielle de mécaniciens pour les neuf courses du Championnat du monde se présentait, sauterait-il sur l’occasion ? «Je trippe vraiment dans ce que je fais ici, et de pouvoir apporter mes connaissances là-bas c’est bien, mais j’enseigne ici aussi. En même temps, on est tellement en avance (technologiquement) là-bas. Le circuit du monde c’est une autre game. Côté famille et amis, c’est plus difficile. Comme les 24 heures c’est la plus grosse course et la plus renommée, ça me convient», indique-t-il en terminant.

Les 24 heures du Mans en bref

Deux podiums: les deux voitures de l’équipe Jota Sport, dont fait partie Jean-François Nadeau, se sont classées première et deuxième dans leur catégorie LMP2.

Quatre catégories: il y a sur la ligne de départ, 60 voitures dans quatre catégories différentes. Les LMP1 sont des voitures prototypes d’équipe usine comme Audi, Porshe, Toyota, etc. ayant 1000 forces de moteur avec la technologie hybride. En LMP2, les voitures prototypes d’équipes privées comme celle de l’équipe Jackie Chan DC Racing x Jota Sport ont 600 forces de moteur. Les deux autres catégories sont GT Pro, soit des voitures grand tourisme conduites par des pilotes professionnels et GT AM, toujours des voitures grand tourisme, mais conduites par des pilotes amateurs de classe mondiale.
Deux premières: pour la première fois aux 24 heures du Mans, une voiture de catégorie LMP2 de l’écurie Jackie Chan DC Racing x Jota Sport a devancé pendant près de deux heures et demie toutes les voitures LMP1 et a mené la course. Des bris mécaniques chez les concurrents expliquent cette situation. L’équipe a finalement terminé les 24 heures du Mans en seconde position générale, mais en première position dans sa catégorie.

Nouvelles technologies: il n’est pas rare de voir les innovations sur les voitures roulant aux 24 heures du Mans se retrouver sur les véhicules de promenade réguliers. Par exemple, bien des technologies présentes chez Audi ont été utilisées quelques années auparavant sur le circuit mythique, explique Jean-François Nadeau. Pour les phares, c’est le même principe. Après l’halogène, le xénon et le DEL, les phares au laser sont apparus sur les voitures. De plus, la couleur blanche utilisée est la plus représentative de la lumière du soleil. M. Nadeau souligne que c’était déjà présent il y a trois ans aux 24 heures du Mans. Du côté des pneus, ceux-ci sont maintenant moins larges, tout en conservant la même adhérence au sol, cela devrait se voir sur les voitures dans les prochaines années.

Le saviez-vous?

– Le moteur est la seule partie que les mécaniciens ne peuvent toucher aux 24 heures du Mans. Ce dernier, construit par la compagnie Gibson, est scellé pour éviter que les équipes y apportent des modifications. En cas de bris pendant la course, l’équipe ne peut qu’utiliser un moteur neuf. Pendant les essais, des mécaniciens de la compagnie Gibson peuvent effectuer des réparations.

– Dans la nuit du vendredi à samedi, soit quelques heures avant le départ de la course, les équipes démontent les deux voitures au complet avant de la remonter. Chaque petite pièce a été vérifiée et validée.

– La vitesse maximale atteinte sur le circuit de Le Mans par la voiture #38 de l’écurie dans laquelle se trouve M. Nadeau a été de 332,9 km/h.

– La piste est d’une longueur de 13,629 kilomètres.

– En 24 heures, la voiture # 38 a effectué 366 tours de pistes. En incluant les arrêts aux puits pour l’essence, le changement de pneus, les changements de pilote et la réparation du nez avant de la voiture, elle a roulé à une vitesse moyenne de 207,84 km/h selon Jean-François Nadeau.