Vaccination obligatoire à la frontière : l’industrie beauceronne du camionnage pourrait subir les contre-coups

TRANSPORTS. À compter de janvier prochain, les travailleurs essentiels qui traversent la frontière vers les États-Unis devront montrer une preuve qu’ils sont convenablement vaccinés pour être autorisés à passer, incluant les camionneurs.

La situation cause une certaine inquiétude dans l’industrie du camionnage selon l’Association du camionnage du Québec (ACQ).

Questionné à ce sujet, le président-directeur général de l’ACQ, Marc Cadieux, insiste d’abord pour dire que les camionneurs sont vaccinés dans la même proportion que la population en général.

« Pour permettre une augmentation du nombre de chauffeurs vaccinés et pour ne pas déstabiliser la chaîne d’approvisionnement, nous avons des échanges réguliers avec l’Alliance canadienne du camionnage et les gouvernements pour que la date soit repoussée », indique-t-il, précisant que l’ACQ encourage les chauffeurs à se faire vacciner.

M. Cadieux estime que l’exigence de la vaccination pourrait accroître la pénurie de main-d’œuvre dans ce domaine. « Cela pourrait créer un casse-tête logistique pour les entreprises déjà éprouvées par la pandémie », ajoute-t-il.

Le PDG de l’ACQ ne s’attend toutefois pas à voir une vague de démissions massives ébranler l’industrie puisque le taux de vaccination est sensiblement le même chez les camionneurs que celui de la population en général.

« Chaque emploi perdu a des conséquences néfastes sur les entreprises qui peinent à recruter, en plus d’affecter l’ensemble de la chaîne logistique et l’économie », nuance-t-il.

En Beauce

La Beauce compte plusieurs entreprises de transport. Cependant, sur les cinq compagnies contactées par le journal, une seule a accepté l’entrevue. Il s’agit de Transport Dercy à Beauceville.

Le copropriétaire, Daniel Tardif, confie que la mesure l’a pris complètement par surprise. « Nous sommes des travailleurs essentiels. Nous avons pu continuer nos voyages aux États-Unis tout au long de la pandémie. Nous nous sommes adaptés pour diminuer les contacts physiques le plus possible », mentionne-t-il.

M. Tardif explique que son entreprise livre principalement de l’acier sur des chantiers de construction. En raison de la pandémie, le chauffeur avertissait le chantier qu’il arriverait sous peu pour savoir où se stationner. Il enlevait ensuite l’arrimage de la cargaison seul et retournait dans son camion le temps que les travailleurs du chantier déchargent la marchandise. Puis, il affichait la facture dans la fenêtre et les travailleurs du chantier prenaient une photo. « Il n’y avait aucun contact. Aucun de nos conducteurs n’a été testé positif à la COVID », soutient-il.

La majorité des employés de l’entreprise beaucevilloise sont vaccinés. Selon M. Tardif, sur les 15 chauffeurs qui font des livraisons au sud de la frontière, trois n’ont pas reçu le vaccin. L’un d’eux a d’ailleurs remis sa démission. « Les deux autres hésitent. Ils attendent de voir comment les choses vont évoluer », ajoute-t-il.

M. Tardif croit cependant que l’on pourrait assister à une situation semblable à celle entre le gouvernement du Québec et le personnel de la santé. Rappelons que Québec avait décidé d’obliger la vaccination pour les travailleurs de la santé, mais a finalement reculé. « C’est simplement mon intuition. Il y a tellement de marchandise à transporter », dit-il.