Vague de dénonciation sur les réseaux sociaux: le Calacs appelle à la prudence

Depuis un peu plus d’une semaine, les vagues de dénonciations de gestes ou d’agressions à caractère sexuel sur les réseaux sociaux ont pris de l’ampleur. La directrice générale du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de Chaudière-Appalaches, Valérie Poulin, invite les victimes à faire preuve de prudence.

Si elle n’est pas contre le fait de dénoncer un agresseur, car cela permet de libérer les victimes d’un lourd fardeau, elle précise que de faire une dénonciation publique peut être un couteau à deux tranchants.

«Lorsqu’une personne veut dénoncer publiquement son agresseur, on questionne toujours la personne afin de savoir si elle est prête à vivre avec tout ce qui vient avec. Que ce soit des commentaires positifs ou négatifs», explique Valérie Poulin.

Elle conseille à toute personne voulant entreprendre une démarche en ce sens d’être soutenue par des proches ou par un organisme comme le CALACS, car il y a des conséquences à dénoncer. Elle ajoute que la personne doit également être rendue à cette étape de son cheminement personnel. L’organisme offre des services confidentiels et gratuits pour les victimes. Mme Poulin renchérit qu’il est important de suivre son propre rythme.

Attention à la diffamation

Mme Poulin appelle à la prudence sur les réseaux sociaux. «Donner le nom de l’agresseur, ça peut se retourner en diffamation ou contre la victime, donc il faut être prudent. Peut-être qu’avant de faire une publication, ce serait bien d’entamer une réflexion ou un processus d’aide», soutient-elle.

Les conséquences d’une dénonciation sur les réseaux sociaux peuvent être importantes. «Là on est en train de voir une vague où les gens s’excusent, mais habituellement, c’est rare que les gens visés comme agresseurs reconnaissent leurs gestes ou s’excusent», ajoute-t-elle.

Par ailleurs, la directrice générale du CALACS Chaudière-Appalaches mentionne qu’il ne faut pas dénoncer sur les réseaux sociaux lorsque l’on veut poursuivre l’agresseur au criminel, car la défense peut alors utiliser ce qui est sorti publiquement. Il y a un danger à faire cela, souligne Mme Poulin.

«Dans le contexte thérapeutique, il y a du travail à faire avant de dénoncer. Si c’est juste une vengeance, la personne n’ira pas chercher ce qu’elle souhaitait en dénonçant. Les gens le font beaucoup [dénoncer sur les réseaux sociaux], car ils ne croient plus au système de justice. Il est préférable de travailler les vraies blessures plutôt que d’en faire une vengeance personnelle», expose Valérie Poulin en terminant.

Le CALACS est également présent pour aider les victimes à évoluer et à passer au travers. L’organisme donne aussi des conseils et des explications, comme par exemple à quoi ressemble l’ensemble du processus judiciaire et à quoi s’attendre.