Vivre sur un voilier: le mode de vie unique d’Anne Alexandra Fortin

TÉMOIGNAGE. En 2018, Anne Alexandra Fortin, originaire de Saint-Philibert, et son conjoint, Cory Bertrand, ont pris une décision qui allait changer leur vie, soit de s’acheter un voilier et de vivre à bord de celui-ci à temps plein. En 2021, une autre surprise s’est mise sur leur chemin, l’arrivée de leur fille Coral, qui n’a pas changé leur plan.

Initialement, les deux aventuriers ne connaissaient pratiquement rien de la voile. Ils ont appris avec des essais et des erreurs ainsi qu’avec l’aide des gens rencontrés sur leur route. Depuis leur achat, ils ont exploré la Floride jusqu’aux Bahamas à trois reprises. Lors de leur première traversée, le couple est parti des Grands Lacs en Ontario vers l’océan Atlantique pour se rendre sur la côte est des États-Unis.

« La routine m’a toujours fait peur. J’aime le changement, me diriger vers l’inconnu, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir de nouveaux lieux. J’ai immédiatement eu la piqûre lorsque j’ai essayé la voile. C’est un mode de vie qui peut nous apporter n’importe où dans le monde. Il y a peu de contraintes. Vivre sur un voilier est plus abordable comparativement à l’achat d’une fourgonnette ou d’un autobus », mentionne celle qui a complété une technique en tourisme d’aventure au Cégep de Gaspé plus jeune.

La grande voyageuse a créé un site Internet Wildly Intrepid Sailing pour conserver des souvenirs de ses aventures. Elle partage des vidéos de ses expériences quotidiennes, autant l’achat du voilier, l’expérimentation de celui-ci jusqu’à la navigation. Dans le passé, elle a également publié dans l’Escale Nautique. La Beauceronne est l’auteure des guides de randonnées « Hikes of Newfoundland » et « Hikes of Western Newfoundland ».

Élever un enfant sur l’eau

Coral a vécu sa première traversée à l’âge de quatre mois. Elle a appris à ramper, grimper et marcher à bord du voilier. Selon sa mère, tout prend plus de temps sur un bateau avec un enfant. « Ça nous apprend à apprécier tous les petits gestes de la vie », souligne-t-elle. À la fin, Coral souhaitait de plus en plus explorer le monde rendant l’expérience plus complexe.

Présentement, Anne Alexandra et Cory sont en attente d’un deuxième enfant. Le couple a l’intention de repartir sur l’eau d’ici la mi-octobre avec les deux bambins. À long terme, ils recevront l’école à la maison. La Beauceronne a aussi eu l’enseignement à la maison de sa mère quand elle était plus jeune.

« Le plus gros défi sera avec Coral alors que l’on a déjà de l’expérience avec un bébé naissant. Désormais plus vieille, on devra lui apprendre les règles de base sur un bateau, comme s’attacher avec un harnais sur le pont et porter une veste de sauvetage en tout temps », explique-t-elle.

La vie en bateau

Anne Alexandra compare la vie sur un voilier à celle d’une miniville. Les occupants se nourrissent principalement de cannages et de poissons. Ils peuvent partir sur l’eau pendant plus de trois jours sans se rendre à la terre ferme. Sur le bateau, on y retrouve une cuisine, une toilette, un frigidaire, un congélateur, des chambres et un salon.

« Ce que j’apprécie le plus de ce mode de vie, c’est la liberté qu’elle nous apporte. C’est une maison et un moyen de transport à la fois. C’est plus facile de traîner nos biens qu’avec un sac à dos. La vie à la voile contient toutefois ses hauts et ses bas. Entre les tempêtes, les tornades, les bris majeurs de moteur et un bébé de quelques mois, nous avons vécu toutes sortes de péripéties », indique l’adepte des longs voyages.

Présentement en Beauce, le couple s’est acheté un nouveau bateau, plus gros, 44 pieds, et comprendra un watermaker. L’accès à l’eau potable représentait l’une de leurs plus grandes contraintes. Le moteur de l’ancien voilier a brisé lors de leur dernier périple. Anne Alexandra souhaite continuer à parcourir les Bahamas et descendre jusque dans les Caraïbes, où plusieurs îles sont toujours non-explorées, dans le futur.

« La peur de l’inconnu et l’insécurité de la vie peuvent être intimidantes pour plusieurs personnes. Je me suis fait traiter de folle d’apporter un bébé d’un si jeune âge sur un bateau. Toutefois, à la fin, le plus important c’est de profiter de la vie, croire en ses rêves et ne pas s’arrêter aux jugements des autres. On ne sait pas ce qui nous attend », conclut-elle.