Yohan Breton: un défi jour après jour depuis 22 ans

Deux jours avant ses 18 ans, la vie de Yohan Breton a basculé à la suite d’un sévère accident d’auto à Lambton. À l’occasion de la Semaine québécoise du traumatisme cranio-cérébral en cours du 18 au 24 octobre, le Georgien de 40 ans a accepté de parler des lourdes séquelles de son traumatisme cranio-cérébral sévère (TCC) subi ce jour-là.

Plongé dans un coma de six mois, une longue convalescence de 14 mois s’en est suivie au Centre de réadaptation François Charron. Puisqu’il a eu la chance d’être jeune au moment de son traumatisme, son cerveau a pu refaire les connexions pour réapprendre ce qu’il apparaît facile pour le commun des mortels. En tout, il lui a fallu cinq ans d’efforts pour récupérer le maximum de ses facultés et d’éviter d’être placé dans un CHSLD. «J’ai dû réapprendre à parler, à marcher et même à manger. Cela a été l’enfer», raconte M. Breton qui dit s’être accroché à sa passion, le football.

Aujourd’hui, l’élocution de Yohan est loin d’être parfaite. Aphasique, il réussit tout de même à chanter. De plus, sa démarche est loin d’être fluide, mais il demeure actif. D’ailleurs, plusieurs l’ont sûrement vu circuler dans les rues de Saint-Georges en dépit de ses problèmes d’orientation suite à son handicap. Ayant fait du ski de compétition avant son accident, il est capable de tourner en ski bien qu’il soit hémiplégique du côté droit.

Un lourd fardeau à porter

Yohan était l’aîné d’une famille de quatre enfants lorsque le drame familial s’est produit. «Dans mon cas, le travail a été la soupape de ma vie parce que cela a été très lourd à porter. Nous avions d’autres enfants à s’occuper. Cela nous a demandé énormément d’énergie. Mon mari et moi devaient se partager les tâches. Nous nous sommes entourés pour qu’on puisse nous aider. Nous étions toujours avec Yohan. La famille nous a aidés au début, mais cela s’est effrité vite», souligne sa mère Huguette Giroux ayant œuvré pendant plusieurs années dans le système de la santé.

Bien que Yohan vive aujourd’hui dans un appartement semi-autonome à Saint-Georges, ses problèmes de mémoire à court terme demeurent une préoccupation. «Il a des repères soit une montre, un agenda et un téléphone pour savoir où il est en permanence. Cela demande une surveillance accrue pour compenser», explique sa mère.

En plus du deuil de sa condition et de ses facultés, Yohan a aussi dû vivre la perte de son entourage et ses amis. L’isolement guette d’ailleurs les personnes atteintes de TCC. Cette situation fait en sorte que plusieurs tentent de profiter de la vulnérabilité de ces gens selon Mme Giroux ajoutant que plusieurs d’entre eux sont placés sous curatelle publique.

Malgré qu’il soit inapte au travail, Yohan est plongeur chez Scores Saint-Georges à raison de trois heures deux fois semaine. C’est d’ailleurs le maximum qu’il peut faire en raison de ses capacités physiques. Et comme toutes les personnes atteintes de TCC vieillissent plus rapidement, Yohan doit garder actif son cerveau par des jeux et beaucoup de lecture.
Yohan et sa famille peuvent toujours compter sur le soutien de l’Association TCC des Deux-Rives, présente à Saint-Georges. Cette dernière accompagne dans l’épreuve une soixantaine de membres et de familles du territoire de la Beauce, des Appalaches et des Etchemins.