Chronique agricole : LES ­INONDATIONS

Les inondations font partie de la vie des habitants de la vallée de la rivière ­Chaudière. On pourrait même dire que ce sont des événements dans la vie des ­Beaucerons qui forgent leur identité. Elles peuvent arriver à tout moment de l’année, soit causées par de fortes pluies, une fonte des neiges rapide ou la présence d’embâcles (le cours de la rivière bloqué par la présence de glaces). La présence de milieux urbanisés à proximité des cours d’eau peut accentuer l’apport d’eau. En effet, les surfaces imperméables comme les routes et les bâtiments ne permettent pas l’absorption de l’eau dans le sol. De plus, en milieu rural, l’eau s’écoule plus rapidement sur les terres en culture, drainées ou pas, comparativement aux terres forestières. Finalement, la perte de milieux humides au profit de l’activité humaine se traduit en perte de zone de rétention de l’eau pouvant limiter l’ampleur des inondations.

Les producteurs agricoles des villes de ­Saint-Joseph-­de-Beauce, de ­Beauceville et de la municipalité de ­Saint-Joseph-­des-Érables cultivent depuis longtemps les terres en zones inondables, communément appelés les fonds de la rivière ­Chaudière. En effet, les premiers habitants de la ­Beauce sont venus s’installer à ­Saint-Joseph-­de-Beauce en raison de la présence de ces terres fertiles nourries d’éléments fertilisants transportés par la rivière lors de la crue des eaux. Toutefois, le passage de l’eau sur ces terres peut aussi transporter ces éléments fertilisants dans la rivière et être source de pollution. Les producteurs agricoles sont donc conscients que la culture en zone inondable doit être réalisée avec le souci de préserver la ressource en eau. C’est en ce sens que le ministère de l’Environnement et de la ­Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a récemment encadré cette pratique afin d’assurer une meilleure protection de nos cours d’eau. C’est d’ailleurs dans les plans agroenvironnementaux de fertilisation (PAEF), qui s’avèrent des outils de gestion déterminants en milieu agricole, que le respect de cet encadrement est validé. Réalisés par des agronomes et révisés annuellement, ces plans sont des documents réglementaires qui définissent les modalités de fertilisation des sols, en tenant compte de la nature de ­ceux-ci et de leur capacité à recevoir des matières fertilisantes. Comptes tenus des risques de contamination des cours d’eau avec des éléments fertilisants, ce sont généralement des cultures pérennes, comme les prairies permanentes qui sont cultivées sur ces superficies.

Cultiver en zone inondable représente aussi un défi de taille pour les agriculteurs puisque chaque printemps les producteurs agricoles doivent nettoyer leurs champs. Malheureusement, ­ceux-ci y retrouvent différents objets issus de l’activité humaine en plus des autres débris tels que les branches et troncs d’arbres. De plus, puisque les inondations peuvent arriver à tout moment de l’année, le risque de perdre une récolte demeure présent tout au long de la saison de culture. L’accès aux champs peut également être retardé, principalement au printemps, lorsque les glaces tardent à fondre et que les sols gorgés d’eau sont trop instables pour la circulation de la machinerie agricole.

Les fonds de la rivière ­Chaudière, terres les plus fertiles de notre territoire, sont le reflet de la prospérité agricole de notre milieu. Non seulement ­caractérisent-ils notre paysage beauceron unique, mais ils nous offrent une vue imprenable sur la rivière et ses vallées.