Marc Cayer marqué à vie

TÉMOIGNAGE. Il y a 50 ans, Marc Cayer retrouvait sa liberté. Après cinq ans d’emprisonnement au Vietnam, il revenait au Canada, changé à jamais.

L’histoire est connue de plusieurs. Un bénévole canadien travaillant avec l’organisme américain « International Voluntary Service » (IVS) s’étant retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Avant de s’engager, il connaissait les risques. D’autres avant lui s’étaient engagés avec IVS pour faire du travail humanitaire. Certains y ont laissé leur vie. Mais malgré le danger, le jeune Marc entretenait un idéal qui l’a mené au Vietnam, en pleine guerre, pour y partager son expertise en agriculture. Mais tout a basculé quand Marc Cayer a été capturé par le Front de libération du Sud-Vietnam, communément appelé le Viêt-Cong.

« Un jour, je vais m’en sortir. »

 Il passa les années qui suivirent dans quatre prisons au Nord-Vietnam. Cette expérience lui aura appris ce qu’était la solitude, quand il fut confiné pendant neuf mois dans une petite cellule munie d’une simple fenêtre. Mais c’est en côtoyant d’autres prisonniers qu’il comprit le sens de l’entraide. En captivité, les maladies étaient fréquentes. Quand l’un souffrait, les autres l’aidaient. Les détenus s’échangeaient fréquemment de la nourriture, même si elle n’était pas abondante. Les gardes et interprètes, bien qu’ennemis, n’en étaient pas moins humains. Parfois, lors des fêtes de Noël et du jour de l’an, il était permis aux prisonniers de célébrer avec le peu qu’ils avaient. Mais rien n’était jamais certain. Dans une autre prison, trois détenus tentèrent une évasion, qui se solda par un échec. Après cela, les gardes étaient devenus brusques, les repas étaient servis froids, ils n’avaient plus le droit d’aller dehors, l’assistance médicale se faisait rare. Il fallut une grève de la faim pour que les détenus puissent retrouver leurs privilèges perdus.

Mais alors que Marc vivait dans un univers à part, le monde continuait de tourner. La guerre faisait toujours rage, les bombardements se rapprochaient. De sa cellule, il pouvait les entendre. Au début de l’année 1973, des négociations depuis longtemps entamées se concrétisèrent et, après cinq longues années, Marc Cayer fut enfin libéré. 

« Malgré les épreuves de la vie, il faut toujours regarder devant soi. »

Même après son expérience au Vietnam, Marc Cayer est resté un homme terre-à-terre. Il devint agronome et s’établit à Saint-Georges de Beauce. Depuis ce temps, il a raconté son histoire à des émissions de radio et de télévision, et dans des articles. Il en a même fait un livre. Cinquante ans après, Marc Cayer se dit chanceux. Dans ses mots : « la vie est belle quand on sait la prendre. »