Éric Maheu, l’équilibre entre la musique et la famille 

CULTUREL. Éric Maheu est un bassiste dévoué à la musique au sein de trois groupes québécois : Kaïn, La Chicane et Gueules de Bois.  Deux albums sortiront à l’automne prochain. D’ici là, il enchaînera spectacle après spectacle avec l’un ou l’autre de ces groupes. Si la musique est le feu sacré de sa vie, sa famille est sans contredit l’essence qui coule dans ses veines et qui maintient son équilibre.

Parler à Éric, c’est comme parler à un frère, il s’ouvre naturellement sur sa vie et sur différents sujets qui le touchent. Il est très fier de ses racines beauceronnes et il le répète à qui veut l’entendre. Il se souvient très bien du Séminaire Saint-Georges où il a étudié au secondaire. La responsable de la vie étudiante à cette époque, Jasmine Auclair, a vu en l’étudiant timide, un chanteur et musicien en devenir. Il lui rend hommage. « J’étais un garçon timide. Elle voyait que la musique me passionnait et elle m’a poussé à me donner à fond. Sans elle, je ne serais pas où je suis […] Je ne prends rien pour acquis dans le showbizness, mais je dois beaucoup à la Beauce », lance-t-il sur un ton teinté d’émotions.

 D’ailleurs, il s’arrêtera avec ses acolytes de Kaïn dans sa ville natale, Saint-Georges, où le groupe performera leurs meilleurs succès dans le cadre de la fête nationale, le 23 juin prochain à l’Espace carpe diem. Pour de nouvelles chansons, les fans devront attendre à l’automne la sortie de leur nouvel album.

« L’album est terminé depuis lundi (27 février), tu es la première à le savoir, mais il ne sortira qu’à l’automne », mentionne-t-il. Fier de cet album – comme de tous les autres – le bassiste se dit davantage attaché à celui-ci. Il promet un album ensoleillé, entrainant et rassembleur. « Le bon vieux Kaïn quoi ! », dit-il en riant.

L’autre album qui sortira dans la même période est celui du groupe Gueules de Bois. Un mélange agricole de country western. « C’est un album très éclaté… Le show est coloré et on ne se prend pas au sérieux. Tu ne pourras pas être de mauvaise humeur en écoutant cet album » assure-t-il.

En ce qui concerne Boom Desjardins et La Chicane, l’album sortira en temps et lieu. En attendant, ces deux compères des 25 dernières années offrent des spectacles ici et là au Québec.

Avant la tenue de cette entrevue, Éric arrivait de la Floride où il a fait un pèlerinage, qu’il réitère à chaque année, sur les pas de Jaco Pastorius, un célèbre bassiste jazzman qu’il admirait et qui a été pour lui une source d’influence. Malheureusement, le légendaire musicien virtuose, mort battu violemment en 1987, a vu sa carrière déclinée à cause de problèmes psychiatriques et de comportements autodestructeurs.

« Jeune, je tripais sur le Jazz et la basse. Jaco m’inspirait, malheureusement sa carrière a basculé car il était maniaco-dépressif. À cette époque, on ne soignait ni médicamentait la maladie mentale comme aujourd’hui », explique le bassiste beauceron, soucieux que l’image projetée d’un rockeur soit associée à la drogue, à l’alcool et au party. Des excès, il en a fait, il le reconnaît, mais il ne veut surtout pas connaître le même destin de Jaco Pastorius.

 Pour Éric, ce qui compte maintenant, c’est qu’il est sobre depuis huit ans et qu’il a trouvé le chemin de la rédemption en continuant de chevaucher divers styles de musique et de faire ce qu’il aime en étant éveillé comme il le précise. Trop souvent, il s’est senti comme un imposteur, croyant qu’il n’avait pas le droit au succès ni à l’amour du public.

« Rester sobre est un travail de tous les jours. Je travaille à accepter cet amour parce que j’y ai droit. J’ai revu mon échelle des valeurs », raconte ce père de trois enfants. Après chaque spectacle, s’il le peut, il rentre à la maison, son assise – son équilibre – auprès des siens.  

La dépression, il la connait, bien malgré lui. En 2022, il a signé un témoignage intitulé « Le clown triste » qui parle de son propre combat contre l’anxiété et la dépression. La pandémie a été le summum de son anxiété. Que lui restait-il s’il ne pouvait plus s’adonner à la musique?

Alors, il a écrit ce témoignage qui va toucher beaucoup d’admirateurs qui se sont vus à travers ses mots. Il a ouvert son jardin secret pour tendre la main à ceux et celles qui combattent aussi la maladie mentale.

« Mon Messenger a implosé littéralement. Je me suis retrouvé au milieu des discussions. Si mon témoignage a servi à aider d’autres gens à ne plus se sentir seuls avec la maladie mentale et bien, il aura au moins servi à une bonne cause ».

Éric Maheu est un homme humble qui a trouvé son équilibre à la maison comme sur scène. Et si demain le rock n roll devait disparaître, il pourra toujours puiser son bonheur à la source, soit sa famille.