Les Pays d’en haut : un Beauceron transformé en premier ministre

La populaire série Les Pays d’en haut, diffusée à ICI Radio-Canada, prendra fin le lundi 8 février, après six saisons et 52 épisodes. Jean Maheux, natif de Saint-Georges, y jouait le rôle du premier ministre Honoré Mercier.

Acteur à la longue feuille de route, Jean Maheux a accepté ce rôle avec grand enthousiasme. Contrairement à certaines critiques, il voyait d’un bon d’œil la relecture de ce classique québécois.

« J’ai été impressionné par le travail de Gilles Desjardins (auteur de la série) sur Musée Éden, une autre série d’époque. Il voulait amener une vision plus réaliste de la fin du 19e siècle, sans trahir les personnages originaux », mentionne celui-ci.

C’était la seconde fois que Jean Maheux se glissait dans la peau d’un personnage ayant existé réellement. Il avait déjà joué le rôle d’André Laurendeau, journaliste et homme politique, dans les séries Chartrand et Simonne et Simonne et Chartrand.

Jean Maheux, en Honoré Mercier, serre la main d’Ovide Ruisselet (Michel Charette), maire de Sainte-Adèle. (gracieuseté – Bertrand Calmeau)

« Avant de tourner la série, je me suis renseigné sur Honoré Mercier. Ce premier ministre a été le premier qui voulait plus d’autonomie pour le Québec. Il cherchait à se distancier du fédéral et à empêcher l’émigration des Québécois vers les États-Unis. C’est à lui qu’on doit le développement du chemin de fer dans les régions. Le curé Antoine Labelle (joué par Antoine Bertrand dans la série) était son sous-ministre », rappelle M. Maheux.

Sur le plateau

Avec son haut-de-forme, ses cheveux noircis et sa longue moustache, Jean Maheux était méconnaissable. « Des gens ne m’ont pas reconnu à l’écran. Les vêtements étaient rigides et ajustés. Ça m’aidait à entrer dans le personnage », indique celui-ci.

Parmi les scènes mémorables auxquelles il a pris part, Jean Maheux garde un bon souvenir de son discours électoral à Sainte-Adèle (première saison). À ce moment, Honoré Mercier s’est retrouvé en plein cœur d’une bagarre entre partisans libéraux et conservateurs.

« Ça a pris une journée complète pour tourner la scène. En plus de filmer mon discours sur différents angles, des acteurs et cascadeurs se sont battus dans la bouette. Je devais sauter de la charrette. C’était haut en maudit ! Il y a une prise où je montrais les poings pour me battre, mais on ne l’a pas gardé », dit Jean Maheux en riant.

L’inauguration du chemin de fer à la gare de Sainte-Adèle (saison 5) représentait un grand moment d’émotion pour l’acteur beauceron. « La scène où j’enlève le titre de sous-ministre à Séraphin (saison 6) était aussi très intense », affirme M. Maheux.

Deuil artistique

Honoré Mercier et Séraphin Poudrier (Vincent Leclerc) se serrent la main à l’inauguration de la gare de Sainte-Adèle.(gracieuseté – Bertrand Calmeau)

Chaque fin de projet est un deuil pour l’artiste ayant participé à sa réussite. Pour Les Pays d’en haut, Jean Maheux y voit la fin d’un grand moment dans l’histoire de la télévision québécoise.

« Toute l’allure de la série était incroyable, sans oublier l’énergie sur le plateau entre les acteurs. Tous les personnages ont eu droit à leur moment. Plusieurs thèmes intéressants ont été traités au fil des saisons, comme l’émancipation des femmes et les changements climatiques », dit l’acteur.

Dans l’ultime saison, tournée durant l’été 2020, des téléspectateurs ont peut-être remarqué quelques mesures « covidiennes ». En effet, les personnages se parlent parfois à distance.

« Entre les prises, on devait porter le masque. Une équipe a été embauchée spécialement pour faire respecter les mesures sanitaires. Ce n’était pas évident de tourner dans ces conditions, mais ça donnait du travail aux artistes. Nous voulions que les téléspectateurs aient droit à leur dernière saison », conclut Jean Maheux.