Une pièce bouleversante qui fait du bien

Près de 130 personnes se sont déplacées au Centre Multi-Arts de Saint-Gédéon les 10 et 11 juin derniers pour assister à l’une des représentations de La tombée de mon propre rideau, une pièce de théâtre qui traite en profondeur des tabous reliés au suicide.

Récemment fondée par la metteure en scène originaire de Saint-Georges, Pamela Doyon, la troupe du 4e mur a choisi d’adapter une pièce basée sur le roman de l’auteur beauceron Alain Lessard, À tous ceux qui ont si bien su me laisser mourir.

La pièce de théâtre débute par un long monologue du principal intéressé, Alexandre âgé de 17 ans, qui raconte pourquoi il désire mettre fin à ses jours. Avant de se passer la corde au cou, il écrit à ses proches une lettre qui ressasse ses colères et ses blessures dans un tumulte d’émotions fortes.

«C’est la première fois que je jouais un rôle aussi profond. J’ai aimé le fait de pouvoir toucher directement certaines personnes. Mon personnage avait comme rôle d’éveiller les consciences, de faire réaliser à tout le monde qu’il y a d’autres solutions au-delà de la mort», a raconté le personnage principal de la pièce James Lessard-Caron dans le rôle d’Alexandre âgé de 17 ans.

Par la suite entrent en scène une panoplie de personnages qui, pour certains, viennent verser des larmes ou pour d’autres se vider le cœur sur le corps comateux d’Alexandre, victime d’un suicide raté.

Une pièce qui dénonce

«C’est une pièce qui secoue les gens, qui les oblige à faire face à eux-mêmes. Ce n’est pas seulement qu’une pièce sur le suicide, ça fait le tour de pas mal de choses. Ça passe par tout le côté de la société qui travaille trop et qui ne fait pas attention aux choses les plus importantes. Je crois que chaque personne qui était dans la salle s’est sentie visée à un moment donné», raconte la metteure en scène, Pamela Doyon.

En effet, ayant conscience de chacune des paroles à son égard, Alexandre se remet en question sur sa décision. Il pardonne à sa mère de l’avoir toujours trop protégé, il pardonne à son ex-copine, Maude, de l’avoir trompé, il écoute passionnément les récits d’un vieil homme qui a perdu tragiquement sa femme et son fils… Il veut vivre.

«Malgré tout, la pièce a un impact positif sur les gens. Tout le monde ne réalise pas toujours ses agissements au quotidien quand on est dedans. Par contre, ils n’ont pas le choix quand ils sont pris dans une salle noire pendant 2 heures et 45 minutes, ça nous le met en pleine face», ajoute-t-elle.

Une touche de douceur

La douzaine de comédiens s’alterne dans un décor majoritairement multimédia créé par Jean Maheux. De façon très originale, le public a pu voyager au gré des saisons tout au long du séjour à l’hôpital d’Alexandre.

Malgré le fait qu’au bout de six mois sa mère a pris la douloureuse décision de débrancher son fils, à la sortie de la salle de spectacle, des lettres d’amour et d’espoir écrites à Alexandre ont fait objet de baume sur le cœur pour les âmes blessées.

La claviériste Gabrielle Mathieu a su rendre hommage à chaque moment grâce à ses mélodiques notes jouées en arrière-plan durant les trois heures de spectacle.