La victime prenait le double de la dose de sédatif recommandée
Le 3 février 2015, Denise Blais de Sainte-Justine, conduisait sous l’influence des effets psychotropes d’un somnifère lorsqu’elle a omis de s’arrêter à l’intersection de la route 275 et du 10e Rang à Saint-Odilon laissant aucune chance au conducteur du camion semi-remorque d’éviter la collision. D’après le rapport du coroner, la dame de 59 ans consommait le double de la dose recommandée par Santé Canada.
Le dossier pharmacologique de la victime rapporte une consommation de la zopiclone à raison de 7,5 mg par jour durant les 41 mois précédents l’accident. Or, ce sédatif-hypnotique est habituellement prescrit pour des périodes de sept à dix jours consécutifs d’après Santé Canada. En novembre 2014, Santé Canada a recommandé de ramener la dose initiale à 3,75 mg pour la quasi-totalité de patients en raison de la conclusion d’un rapport d’examen sur l’innocuité. Celle-ci stipulait que «la prise du médicament au coucher expose les gens à un risque d’affaiblissement des facultés le lendemain matin, y compris une altération des aptitudes de conduite pouvant provoquer des accidents».
La coroner dans le dossier, Me Francine Baillargeon, a demandé au Collège des médecins ainsi qu’à l’Ordre des pharmaciens d’examiner «les gestes professionnels du médecin et du pharmacien afin de s’assurer si une condition particulière justifiait la prescription de la zopiclone pendant une aussi longue période, de surcroît à une personne conduisant sur de longues distances.»
Dans le cadre de son travail de conseillère en sécurité financière rattachée à une agence de Saint-Georges, Mme Blais pouvait parcourir jusqu’à 50 000 kilomètres par an.
Me Baillargeon a aussi recommandé auprès de ces ordres professionnels de diffuser l’information des risques inhérents à la consommation de la zopiclone et du suivi médical requis en cas d’une utilisation prolongée de celui-ci.
Un «effet tunnel»
Cette journée-là, Denise Blais, 59 ans, devait se rendre à un rendez-vous d’affaires à Saint-Pamphile. En plus des effets des médicaments, Me Francine Baillargeon a constaté que la route glacée du 10e Rang sur laquelle circulait la victime donnait un «effet tunnel» en raison de bancs de neige le long de la chaussée, du prolongement du réseau électrique et de l’absence de déboisement à l’approche de la route 275.
Elle considère que ce deuxième facteur a aussi contribué aux risques d’omission d’arrêt à l’intersection de la conductrice qui a résulté à la collision mortelle avec le poids lourd. Me Baillargeon somme aussi le ministère des Transports du Québec de sécuriser ce secteur de Saint-Odilon, notamment en y installant un feu suspendu clignotant.