Le « Bourreau de la Beauce » invoque l’arrêt Jordan

Après avoir demandé de ne plus être représenté par l’avocate Jessica Bernard, l’homme connu comme étant le « Bourreau de la Beauce » a demandé à l’avocat Fabien Jean, qui ne le représentera pas pour la suite, d’invoquer l’arrêt Jordan (limitant la durée des procédures judiciaires) car il juge les délais déraisonnables. La requête a rapidement été balayée de la main ce matin au Palais de Justice de Saint-Joseph-de-Beauce par le juge René De la Sablonnière.

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« C’est discourtois envers le système de justice », a commenté le procureur de la couronne Nicolas Champoux. En effet, une telle requête aurait dû être faite au moins 30 jours avant le jugement (alors que Me Jean ne l’a déposé qu’il y a quatre jours) et que le tout ne ferait qu’étirer d’encore trois ou quatre mois les procédures, ce qui va à l’encontre du principe même de l’arrêt Jordan. « Le verdict doit être entendu aujourd’hui. »

Qui plus est, Fabien Jean avait aussi demandé à ce que ce soit un autre magistrat qui entende la requête; un vœu qui a fait rire M. le juge. « Nous sommes devant 62 chefs d’accusation, une dizaine de victimes, de nombreux lieux de résidence, sur de nombreuses années… », a notamment prononcé René De la Sablonnière, en ajoutant qu’il doit y avoir plus de 30 mois de délais entre le dépôt de la plainte et la fin d’un procès pour que le délai puisse être présumé déraisonnable. Dans le cas présent, 24 mois se sont écoulés.

Résultats

M. le juge a reconnu l’accusé coupable de 47 des 62 chefs d’accusation de voie de fait, voie de fait armé, menace de mort, agression sexuelle et autres. L’homme de 63 ans a jusqu’au 23 avril pour se trouver un autre avocat. Ce jour-là, René De la Sablonnière choisira une date dans la même semaine, ou encore dans la semaine suivante, pour les représentations sur la peine.

« Je ne me suis pas encore fait une tête sur la peine que je vais demander, mais considérant la durée et le nombre de victimes, je sais qu’elle sera longue », a affirmé Me Champoux, en saluant la patience des victimes.

Selon l’une de celles-ci, le verdict du jour est un réel soulagement. Il souhaiterait pour sa part faire alourdir la sentence au maximum. « Ce qui est caché depuis 20 ans, maintenant, tout le monde le sait. […] Il trouve que 15 ans de prison, c’est long? Une vie de prison, c’est long aussi. » L’homme croit que dénoncer a été la meilleure chose à faire et que c’est l’amour dont les membres de la famille se portent les uns envers les autres qui les a sauvés. « On est tous des survivants, mais il y a des choses qu’il a faites qu’on n’oubliera jamais. »