Absence de neige nuisible pour nos champs 

Le faible couvert neigeux, la pluie et des températures hivernales très variables ont endommagé plusieurs champs. Les agriculteurs, résilients, ne peuvent que constater les dégâts de dame Nature. 

« La neige agit comme isolant naturel, un peu comme nos manteaux d’hiver. Elle protège les terres contre le gel et l’érosion. Si la terre gèle et qu’il pleut, l’eau inonde les champs au lieu de rentrer dans le sol », cite en exemple James Allen, président de l’UPA Chaudière-Appalaches.

Le réchauffement hâtif des températures fait bourgeonner les plants plus tôt. Quelques cultures, dont le foin, la luzerne et certains fruits, ne sont pas adaptées aux caprices du mercure liés à cet hiver particulier.

« Au niveau des racines, c’est un dégât qui peut être à long terme. Normalement, la photosynthèse se fait l’automne et la sève est neutralisée en hiver. Avec des gels et dégels de -10 à 10 degrés, la végétation recommence trop rapidement par rapport au froid existant », explique Elphège Roy, copropriétaire du verger Les Roy de la Pomme à Saint-Georges.

Des bourgeons, fleurissant en février, sont brûlés par le gel. « Ça va nuire à la floraison, production et formation de pommes. On voit le duvet sur les bourgeons un mois à l’avance. D’habitude, ça commence début avril », dit M. Roy. 

Pour lui, la faible neige de la semaine dernière représente un cadeau du ciel. « Trop de neige peut casser des branches, mais sans nuire aux sols. En agriculture, nous avons besoin d’un printemps progressif », affirme M. Roy.

Changements climatiques 

Autant James Allen qu’Elphège Roy reconnaissent la dépendance des agriculteurs à la météo. Avec l’avènement des changements climatiques, les producteurs devront s’adapter en conséquence afin de poursuivre leur travail et nourrir la population.

« Nous voulons pencher vers des variétés plus résistantes aux variations des températures. On est assez proche des stations de recherche, mais ce n’est pas facile à faire. Ça demeure une question de génétique », rappelle M. Roy.

Dans le cas du foin, nourriture essentielle pour les bêtes, ces changements climatiques se conjuguent avec la diminution du nombre de coupes. Au-delà de l’hiver difficile, l’été 2023 avait aussi apporté son lot de préoccupations. 

« Le projet Agriclimat, du Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAQ), est un bon plan de diagnostic pour augmenter la résilience de nos fermes. Le ministère de l’Agriculture et la Financière agricole doivent améliorer leurs programmes d’assistance et d’assurance récolte. Ils ne sont pas suffisamment adaptés à nos besoins actuels », dit M. Allen.

Le projet Agriclimat regroupe 38 fermes-pilotes au Québec. Elles élaborent une démarche déterminant les actions appropriées pour chaque entreprise. Disponible à tous les producteurs et conseillers agricoles dès 2025, celle-ci sera axée sur l’adaptation de l’entreprise au climat futur, la diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’augmentation de la séquestration du carbone.