Des terres agricoles très chères en Chaudière-Appalaches

Près du quart des terres agricoles transigées en 2023, soit 22 %, étaient situées en Chaudière-Appalaches, bon pour le premier rang provincial. Le prix à l’hectare a connu une hausse majeure de 2022 à 2023, autant dans le nord que le sud de la région. 

Dans Chaudière-Appalaches Nord, le prix moyen à l’hectare est passé de 9 484 $ à 16 692 $, en augmentation de 76 %. Ce territoire comprend la ville de Lévis et les MRC de Lotbinière, Bellechasse, Montmagny et L’Islet.

Au cœur de Chaudière-Appalaches Sud, la hausse enregistrée est de 41 % avec un coût moyen passant de 9 072 $ à 12 776 $ par hectare. Les MRC de La Nouvelle-Beauce, Beauce-Centre, Beauce-Sartigan, des Etchemins et des Appalaches s’incluent dans ce calcul. 

Seulement l’Abitibi-Témiscamingue affiche un pourcentage plus haut (82 %), toujours largement au-dessus de la moyenne québécoise à 14,8 %. Selon James Allen, président de l’UPA Chaudière-Appalaches, l’offre terrienne actuelle est largement en deçà de la demande. 

« Afin d’élargir une production, la solution fréquente est d’acheter les terres du voisin. La pression urbaine de Québec et Lévis tire aussi les prix vers le haut », précise-t-il.

Blocus du moratoire 

Depuis 20 ans, Québec impose un moratoire sur l’agrandissement des terres agricoles. André Lamontagne, ministre actuel de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, demeure ouvert à changer ce cadre réglementaire, qui interdit l’agrandissement des superficies cultivées où l’on retrouve une forte dégradation des bassins versants à cause du phosphore.

« Ça nous empêche de bûcher et créer de la terre neuve. En plus, avec l’absence d’un registre des propriétaires, on ne sait pas réellement qui peut faire des spéculations sur les terres de notre région. C’est difficile de tirer des conclusions et connaître l’ampleur du problème », dit M. Allen, ajoutant que l’UPA a pris part aux récentes consultations sur la réforme de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA).

Qu’arrivera-t-il à la relève ? 

Andrée-Anne St-Pierre, présidente de la Relève agricole de la Chaudière-Appalaches (LARACA), possède la Ferme Ricolanne à Lac-Etchemin. Diplômée en agronomie, elle a racheté l’entreprise de ses parents (Horto Verdi) et transformé la ferme horticole à son image. Travaillant fort pour arriver à ses fins, cette dernière affirme que de jeunes producteurs, partant de rien, vivent des difficultés encore plus grandes que les siennes. 

« Il faut trouver des terres et être capable de les acheter. Parfois, elles sont éloignées, ce qui augmente les déplacements et besoins en machinerie. Ça prend une mise de fonds d’au moins 20 % pour avoir un prêt. Des compagnies mieux nanties peuvent acheter ces terres, les cultiver à forfait et empêcher d’autres agriculteurs de vivre de leur production », déplore Mme St-Pierre.

Avec les paiements des actifs et autres dettes, certains jeunes agriculteurs n’arrivent pas à se payer un salaire. Andrée-Anne St-Pierre martèle que des solutions rapides et concrètes doivent rapidement se mettre en place.

« On a besoin d’incitatifs fiscaux intéressants pour les cédants à la relève. La prime à l’établissement, de la Financière agricole du Québec, propose les mêmes montants depuis plusieurs années pour la relève de 40 ans et moins. Des changements au moratoire (agrandissement des terres agricoles) sont nécessaires. La relève agricole est soucieuse de l’environnement et prône des cultures alternatives », rappelle la présidente de LARACA, qui se réjouit des différentes mobilisations agricoles dans la province, dont celle à Sainte-Marie le 19 avril.