Étudiants réellement motivés par les chantiers ? 

ÉDUCATION. Il n’existe aucune obligation pour les étudiants des programmes de courte durée en construction, après leur formation rémunérée, à travailler sur les chantiers. Le ministère du Travail n’a pas légiféré en ce sens, contrairement aux formations accélérées des préposés aux bénéficiaires.

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Le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE) avait accueilli des cohortes d’élèves à la formation accélérée en Soutien aux soins d’assistance en établissement de santé. Les finissants s’engageaient à travailler auprès du Centre de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, sous peine de rembourser leur rémunération. 

« Les préposés étaient formés pour travailler dans les CHSLD publics, donc l’État québécois. Les formations en construction visent plutôt un grand nombre d’employeurs privés. Le gouvernement ne peut pas les soumettre aux mêmes règles », indique Marie-Josée Fecteau, directrice du Service de la formation professionnelle, de l’éducation des adultes et aux entreprises du CSSBE. 

La présence d’étudiants rémunérés suivant ces attestations d’études professionnelles (AEP) pour d’autres raisons, comme rénover son chalet ou sa maison, demeure possible. Le CSSBE ne demandait pas les raisons entourant chaque demande d’admission, comme exigé par Québec (voir autre texte). 

« Je suis convaincu que nos étudiants possèdent de bonnes intentions. Ces formations représentent un coup de pouce pour s’orienter ou changer de carrière », soutient Mme Fecteau. 

Directement sur le terrain 

Enseignant et concepteur principal du programme d’AEP en Conduite d’engins de chantier, Yves Roy a occupé divers postes au CSSBE depuis 25 ans. Dans son groupe, sept étudiants possédaient déjà des entrevues d’embauche au moment où le journal visitait la carrière de pratique (22 février). 

« C’était une inquiétude au départ (absence de critères d’admission), mais tous mes étudiants travailleront en construction. L’AEP est également une porte d’entrée pour ceux voulant faire le DEP ou d’autres programmes », dit M. Roy.

Daniel Poulin, 40 ans, vient de terminer un programme technique collégial en génie civil au Cégep Beauce-Appalaches. « Tant qu’à retourner aux études, en suivant aussi cette AEP, ça me donne une meilleure compréhension du terrain. La subvention salariale est utile si on retourne aux études avec une famille. Dans le groupe, tout le monde veut travailler sur les chantiers », affirme celui-ci.

Luc-Olivier Roy, propriétaire d’Excavation Bolduc, voit ces programmes de courte durée comme une nécessité. Il n’a pas hésité à signer une entente avec le CSSBE pour l’accès à sa carrière et les prêts d’équipements. 

« Le manque de main-d’œuvre est très important en construction. Ça nous donne également une belle visibilité. Ces programmes courts doivent se répéter dans les prochaines années. On est vraiment dans du concret », conclut M. Roy.