La place grandissante de l’intelligence artificielle

ÉCONOMIE. La communauté d’affaires avait été conviée le 15 février dernier pour un déjeuner-conférence traitant de l’intelligence artificielle (IA) donné par le cofondateur de Moov AI, Guillaume Petitclerc, organisé par le Conseil économique de Beauce.

Devant les quelque 140 participants, M. Petitclerc a d’abord expliqué la différence entre l’IA traditionnelle et l’IA générative, qui génère du contenu. « L’IA traditionnelle ne fait qu’une chose spécifique, comme la classification de données, la planification d’inventaire ou la détection de fraude par exemple, tandis que l’IA générative va générer de nouveaux contenus. C’est un système qui prend de l’information et va créer quelque chose de nouveau : une nouvelle phrase, une nouvelle image, un nouveau son qui n’existait pas avant », a expliqué M. Petitclerc.

Selon ce dernier, il s’agit ni plus ni moins que d’une nouvelle ère industrielle. Pour affirmer cela, il se base sur la croissance phénoménale du nombre d’utilisateurs du robot conversationnel ChatGPT qui a franchi la barre des 100 millions d’utilisateurs en à peine deux mois, un record qui appartenait auparavant au réseau social TikTok à qui il avait fallu neuf mois.

En plus de cette croissance rapide, M. Petitclerc a indiqué qu’environ 70 % des utilisateurs s’en servent dans le cadre de leur travail. Il a aussi cité une étude de l’Université Harvard menée chez la firme de consultation Boston Consulting Group, qui révélait que les employés qui se servaient de ChatGPT avaient un gain d’efficacité de 25 % et de qualité de 40 %. « La qualité que l’on peut avoir quand on sait l’utiliser est impressionnante », a-t-il assuré.

Toutefois, l’utilisation du robot conversationnel comporte des aspects négatifs. « Quand les employés l’utilisent dans le cadre du travail, ils donnent les données d’entreprises à ChatGPT. Il y a des questions à se poser. Il faut s’y préparer », a-t-il poursuivi.

De l’avis de M. Petitclerc, il faudra prendre soin de l’humain derrière le travailleur. « L’impact sur les humains dans vos entreprises sera assez fondamental. Si on se retrouve avec un directeur financier dont 80 % de ses tâches sont automatisées d’ici quelques années, comment se -sentira-t-elle ? Il faut l’accompagner et en prendre un soin », a-t-il prévenu.

Des exemples

Déjà, des firmes comme Moov AI ont développé des solutions d’intelligence générative pour faciliter certaines tâches, dont la gestion d’inventaire. « De mon expérience, il existe deux cas d’usage : soit les données sont un fouilli super compliqué ou il y a une horde de personnes qui travaillent à mettre de l’ordre », a-t-il raconté.

La solution de la firme a été de mettre au point un outil qui, à partir de la photo d’un objet, sort la description, la catégorie et le type de produit, le tout à partir des données de l’entreprise en question. « Imaginez le nombre d’heures qui peut être sauvées, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Faisons faire les tâches répétitives, le monkey job, par des machines », a-t-il lancé.

Un autre exemple donné par M. Petitclerc est un système de prévision de la demande de produits frais chez Métro, ce qui représente 5000 codes de produits. Le gérant reçoit ainsi une prévision de vente par demi-journée pour les 21 prochains jours. « Métro nous a dit que le truc le plus fou qu’a amené ce projet, c’est qu’il a donné une expérience instantanée à nos gérants. […] Cela a aussi décuplé la productivité de leurs gérants dans le sens où le système a aidé les gérants moins performants au même niveau que les meilleurs », a-t-il donné en exemple.

Guillaume Petitclerc a conclu la conférence en recommandant de commencer l’intégration de l’IA à petite échelle. « Certains viennent nous voir en voulant entièrement automatiser leur chaîne d’approvisionnement, mais c’est une mauvaise idée. Le projet est trop, trop cher et trop risqué. Soit vous le divisez en plusieurs étapes ou vous commencez par un autre projet plus facilement maîtrisable. »