L’optimisme règne chez les acériculteurs

ACÉRICULTURE. À l’aube d’une nouvelle saison acéricole, les producteurs et productrices de la région devraient pouvoir évoluer dans des conditions optimales, malgré les faibles quantités de neige observées dans les boisés une bonne partie de l’hiver et les fortes pluies de décembre dernier.

C’est du moins ce qu’anticipe le président des Producteurs et productrices acéricoles du Québec, Luc Goulet. « Si on regarde les épaisseurs et la profondeur de la neige, ce n’est pas inquiétant. Ceux qui ont plus d’expérience se rappellent qu’on a connu des récoltes record avec peu de neige dans les boisés. Des régions au Québec n’ont pas d’accumulations année après année et connaissent du succès. »

Il ajoute que trop de neige peut même retarder le début de la saison. « Lorsque nous connaissons des redoux en milieu de saison, des couches de verglas se forment et gardent les érables au froid. S’il y a de la pluie en janvier ou février avec une couche de glace autour des érables, cela peut occasionner une petite récolte également. Les érables n’étant pas dégelés, leur coulée est minime. C’est un peu ce qui s’est produit en 2008 et l’an dernier, particulièrement en montagne. »

Il indique qu’en Chaudière-Appalaches, la différence est visible parfois entre les érablières en terrain montagneux et celles situées le long du littoral. « On le voyait l’an dernier. Plus nous montions en montagne, nous avions une baisse de rendement. Des producteurs ont fait leur contingent près du fleuve, tandis que plus au sud, les coupures étaient évidentes. Le début de la saison a été tardif plus au sud et les chaleurs sont arrivées rapidement. On va essayer d’oublier l’année 2023 à ce chapitre », indique-t-il en souriant.

Déjà des récoltes de sirop ?

Producteur acéricole à Saint-Nazaire dans Bellechasse, Luc Goulet est au fait que des producteurs ayant déjà entaillé une portion de leur érablière ont effectivement récolté de l’eau d’érable avant et pendant les Fêtes, même en Chaudière-Appalaches. « Certains ont pu faire bouillir, surtout entre Noël et le jour de l’An. Ce ne sont pas de gros volumes de sirop toutefois. Ça arrive avec le gel et le dégel. L’érable est prêt et on le voit depuis l’automne, lorsque l’on va bûcher, nous avons cette réaction avec des souches. Il y a régulièrement des appels d’eau et de la sève circule dans l’arbre. »

Est-ce que les acériculteurs devront prendre de nouvelles habitudes avec l’évolution du climat ? Luc Goulet ne verrait pas la chose d’un mauvais œil. « On le voit aux États-Unis où les producteurs ont de bons rendements, mais ils se sont préparés d’avance, car ils ont ce genre de coulées en janvier. Des producteurs ayant de grandes érablières le font déjà. Il y a souvent des redoux en janvier ou février, alors certains entaillent à partir du 15 décembre. Il y a quelques années, la saison avait commencé le 18 février et ça n’avait jamais cessé, même si généralement chez nous, c’est aux environs du 15 mars. »

Avec une réserve de sirop presque à sec, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec souhaitent un printemps propice à la récolte, question de combler une récolte décevante au printemps 2023 et une hausse des exportations, exponentielle depuis quelques années. Les ventes de sirop à l’international avaient progressé de 147 millions de livres en 2020 à 180 millions en 2021, pour se stabiliser à 179 millions de livres en 2022.