Manac : Vers le transport lourd écoresponsable 

Pour l’isolation de ses semi-remorques, Manac installe maintenant des panneaux de polystyrène sur une partie de sa production. Ceux-ci remplacent l’application d’uréthane giclé, un isolant fréquemment utilisé dans l’industrie du camionnage. 

« Avec notre climat et nos routes, les semi-remorques s’usent rapidement. L’eau finit par s’infiltrer avec le temps. Comme c’est moins isolé, les thermopompes prennent plus de diesel pour réfrigérer le stock », explique Rodrick Levesque, vice-président ingénierie et innovation chez Manac. 

En perdant sa capacité isolante, le camion doit également faire davantage de transports afin de respecter les limites de poids des routes canadiennes et américaines. Les panneaux de polystyrène diminuent l’empreinte carbone sur notre environnement et le gaspillage alimentaire.

« Le concept est très répandu en Europe et on voulait l’amener ici avant nos concurrents. Environ 60 % de notre production se fait maintenant avec ces panneaux », d’ajouter M. Levesque. 

Beaucoup de préparation 

Avant d’inclure le concept dans sa chaîne de montage, Rodrick Levesque et son équipe ont effectué des recherches littéraires. Manac a aussi obtenu l’aide financière du Fonds Écoleader pour la réalisation d’une étude indépendante par le Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG).

« On comptait également sur le soutien du CNRC de Saguenay (Conseil national de recherches Canada). Nous avons avec eux un partenariat de longue date, en raison de leur expertise sur les composantes en aluminium », précise Rodrick Levesque. 

La construction du prototype nécessitait des interventions physiques ou chimiques à chaque étape de conception (découpage, assemblage, collage, etc.), ceci comprenant l’utilisation des presses sous vide. 

« Plusieurs facteurs peuvent influencer la fabrication. Comme ingénieur avec une formation chimique, le défi était stimulant. Le prototype a été testé par un client faisant l’aller-retour de Québec à Labrador City chaque semaine dans des conditions difficiles », dit M. Levesque, ajoutant que la remorque a été jugée solide et stable par le conducteur. 

Gains à moyen et long terme  

L’analyse du CIRAIG visait l’évaluation de la performance environnementale du produit fini sur sa durée de vie. En comparant l’isolation entre l’uréthane giclé et les panneaux de polystyrène, Manac a constaté des gains à moyen et long terme sur l’empreinte carbone.

« Les gains sont modestes au début (2 % d’économie), mais ça monte au fil des années (40 à 45 %). Au bout du compte, ça évitera de grands gaspillages en essence et denrées alimentaires. Pour que le projet soit viable auprès des clients, il faut toutefois mêler environnement et économie », rappelle Rodrick Levesque, qui espère la transformation des 40 % de ventes restantes de remorques isolées à l’uréthane giclé d’ici quelques années.