« Nous ne sommes pas votre dépotoir »

Organisme à but non lucratif, le Comité d’aide de Beauceville (CAB) valorise à la fois l’aide aux démunis et une meilleure empreinte écologique. Des citoyens voient le CAB comme un dépotoir, une situation décriée par la directrice générale Sylvie Fortin.

Une visite du journal au CAB confirme cet état de fait. Nous avons trouvé notamment des vêtements troués, vaisselles cernées, meubles cassés et même un vieux matelas abandonné dans la neige. Récemment, des plaques de plâtre (gypse) ont été jetées dans l’une des deux bennes à ordures.

À l’extérieur, des gens ont abandonné une vieille tondeuse et des électroménagers déficients. Plusieurs matériaux électroniques brisés, comme des lecteurs DVD ou ordinateurs, se trouvaient également sur les lieux.

« On travaille principalement avec des bénévoles, sans aucune subvention. Nous donnons une deuxième vie aux objets à moindre coût, mais ils doivent être en bon état. Nous recevons plein de choses inutilisables. Le tri et la disposition entraînent des coûts supplémentaires, qu’on ne peut pas réinvestir dans la friperie ou le service d’aide alimentaire », explique Mme Fortin.

Moins de collectes

Le problème s’est accentué considérablement en 2023. La collecte des ordures à Beauceville se tient maintenant aux deux semaines. Au niveau des gros rebuts, les résidents de la MRC Beauce-Centre doivent payer pour s’en débarrasser aux écocentres de Saint-Georges et Thetford Mines. L’écocentre de Beauceville accepte seulement les résidus de construction et rénovation moyennant des frais.

« Le fait que les gens ne peuvent plus aller porter leurs encombrants chez Matrec à Beauceville, ça occasionne une augmentation des matériaux désuets chez nous. On reçoit une commode qui manque un tiroir. Que voulez-vous qu’on fasse avec ça ? On la détruit et on la met dans le bac d’ordures. Des divans auxquels il manque des coussins, on ne peut pas le vendre, il va dans le bac », a exposé Sylvie Fortin, le 21 février, au conseil des maires de la MRC.

Éducation et écocentres express

Pour avoir une levée supplémentaire des vidanges, le CAB devrait débourser 1000 $ par mois plus taxes. « C’est énorme pour un organisme venant en aide aux gens démunis. C’est plate qu’on soit obligé de gérer des déchets. Notre budget pour le service d’aide alimentaire est de 18 000 $ par année. Ça n’a aucun sens de mettre 13 000 $ dans les déchets », d’ajouter Mme Fortin, qui demandait un soutien financier de la MRC Beauce-Centre.

Le préfet Jonathan V. Bolduc ne s’est pas engagé en ce sens. La MRC misera plutôt sur l’implantation d’écocentres express, accessibles gratuitement, en 2024. Ils seront situés à Saint-Victor, Tring-Jonction et Saint-Odilon. Un écocentre semblable existe déjà à Saint-Joseph-de-Beauce.

« On doit aussi travailler l’éducation. Nous avons un budget pour payer la publicité et une pancarte montrant les matières acceptées, refusées et que les gens sont filmés par des caméras de surveillance. On ne vous laissera pas tomber », a dit M. Bolduc.

Entretemps, Sylvie Fortin confirme que le CAB portera plainte à la Sûreté du Québec si nécessaire. « On devra répéter le même message. La question importante, c’est de se demander si nos dons peuvent être portés ou revendus à quelqu’un d’autre. Nous ne sommes pas votre dépotoir », martèle celle-ci.