Travailleurs étrangers temporaires : resserrement questionné en Beauce 

Avant la reprise des travaux parlementaires, le premier ministre François Legault laissait planer un possible resserrement des critères d’accueil chez les travailleurs étrangers temporaires (TET). Cette nouvelle influencerait le milieu beauceron des affaires, qui dépend en partie de la main-d’œuvre étrangère. 

En septembre dernier, le Conseil économique de Beauce (CEB), Beauce-Centre Économique et Développement économique Nouvelle-Beauce ont présenté les résultats d’un sondage. Celui-ci brossait un portrait actuel et à venir de l’immigration régionale. 

Les entrepreneurs sondés employaient 1695 TET. Plus de la moitié (921) étaient arrivés sur le territoire au cours des 12 derniers mois. Durant cette même période, 192 travailleurs immigrants ont fait venir leur famille en Beauce. 

« Malgré la hausse de l’automatisation, cette main-d’œuvre reste nécessaire pour nos entrepreneurs. En faisant venir leur famille, ces travailleurs contribuent au développement de nos communautés », précise la directrice générale du CEB, Hélène Latulippe. 

Elle estime que Québec devrait diminuer l’accueil des demandeurs d’asile, ainsi que s’abstenir de toucher au bassin des étudiants internationaux. Le Cégep Beauce-Appalaches et le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE) cherchent à séduire cette clientèle depuis longtemps. 

« Ceux-ci viennent souvent combler des groupes composés de Québécois, ce qui permet à nos institutions de démarrer les cours avec le nombre minimal requis d’étudiants. Dans le cas contraire, cela pénaliserait les étudiants, enseignants, écoles et entreprises », affirme Mme Latulippe. 

La disponibilité des logements demeure également un enjeu important pour l’accueil des TET et leurs familles. « On comprend que l’immigration est un dossier partagé avec Ottawa. Les besoins pourraient changer dans le contexte d’une stabilité ou d’un ralentissement économique. Nous suivrons la situation de près », confirme Hélène Latulippe. 

Dans nos fermes

Le sondage cité plus haut ne tenait pas compte des travailleurs agricoles. Les TET sont considérés comme essentiels à l’autonomie et la sécurité alimentaire par l’Union des producteurs agricoles (UPA). Plus de 20 000 TET œuvrent annuellement dans les fermes du Québec, dont des milliers dans notre région. 

« Leur travail n’est plus seulement dans les productions maraîchères. On les voit en acériculture et dans d’autres domaines. C’est une manœuvre de base qui peut se former dans une spécialité. Dans une région au faible taux de chômage, on ne peut pas s’en passer », dit le président de l’UPA Chaudière-Appalaches, James Allen. 

De manière générale, il croit que François Legault fait fausse route en parlant de diminuer les seuils d’immigration. « On doit plutôt trouver des façons d’amener les immigrants en région. L’UPA et ses membres ont un pas d’avance sur le gouvernement, notamment avec le programme AGRIcarrières », indique M. Allen, rappelant que les agriculteurs aident les TET à trouver un logement et s’intégrer à la communauté environnante.