Une nouvelle méthode de stages bénéfique pour les patients

SANTÉ. Six infirmières praticiennes spécialisées en première ligne ont offert de nombreux services et soins à la population de La Guadeloupe et des environs lors d’un stage de six mois qui s’est terminé en décembre.

Il s’agissait d’un projet-pilote mené par le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA). L’objectif est de permettre aux étudiantes d’aller dans d’autres milieux, augmentant du même coup l’accès à des soins.

Il a été créé après que les universités aient mentionné qu’elles allaient diminuer le nombre d’admissions dans leurs programmes en raison d’un manque de lieux de stage. « Il manquait d’endroits pour former les IPS. On trouvait que ça n’avait pas d’allure », résume Samuel Gagné, lui-même infirmier praticien spécialisé en première ligne.

C’est ainsi que l’idée de transformer l’ancien CHSLD de La Guadeloupe en clinique a germé. « Le CISSS a aimé l’idée. Plusieurs directions se sont mobilisées pour nous aider à transformer les chambres en bureaux de consultation », ajoute-t-il.

De l’avis de M. Gagné, le stage s’est bien déroulé. « Il a fallu faire quelques ajustements au début, mais il s’agit d’une réussite », assure-t-il. « Elles ont pu voir beaucoup de patients et ont été exposées à beaucoup d’autres professionnels, que ce soit des médecins, [aux professionnels de] l’Unité de réadaptation fonctionnelle intensive (URFI) à Beauceville et un infirmier praticien spécialisé en santé mentale. »

Les trois stagiaires rencontrées partagent ce sentiment. Chacune disposait de son propre bureau et pouvait compter sur l’expertise de l’URFI, de médecins, ainsi que de M. Gagné et de Maxime Fortin, qui est elle aussi IPSPL et instigatrice du projet.

« Nous avons pu pratiquer des microchirurgies en plus de voir différentes approches avec des professionnels », commente l’une des trois stagiaires rencontrées, Catherine Turcotte, de Saint-Georges. « Le fait d’être plusieurs nous permettait de discuter des cas rencontrés pour améliorer nos connaissances », renchérit Sarah Bouchard, de Québec. « Cette collaboration représente mieux ce que nous allons vivre sur le terrain après le stage », complète Ève Delisle, de Lévis.

En tout, les six IPS ont offert 1739 rendez-vous à des patients en six mois, dont 600 pour des patients orphelins purs, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de médecins de famille et ne sont pas affectés à un GMF en particulier. Les patients étaient prêts à se déplacer de loin. Certains venaient de Laurier-Station ou encore de Saint-Édouard-de-Lotbinière. « Cela démontre à quel point l’accessibilité à un médecin de famille peut être difficile », indique pour sa part Mme Fortin.

Le fait d’offrir ce service hors d’un grand centre représente un autre atout selon ce dernier. « C’est habituellement toujours dans un grand centre. Un avantage de La Guadeloupe, c’est qu’elle est située à mi-chemin entre Saint-Georges, Thetford Mines et Lac-Mégantic. Cela fait de la route, mais c’est tellement difficile d’avoir un rendez-vous que les gens sont prêts à se déplacer et à revenir », note-t-il.

Trois des stagiaires continueront de travailler pour le CISSS-CA, une rétention dont s’est réjouie Mme Fortin. « Chaque IPSPL peut prendre en charge entre 500 et 800 patients. Ce sont donc au moins 1500 personnes qui pourront être prises en charge. »

Le travail des IPSPL

Pour devenir IPSPL, la personne doit d’abord être infirmière clinicienne et avoir travaillé 3300 heures en première ligne pour être admissible à la maîtrise. « Pour l’UQAR, cela représente deux ans et demi d’études de plus que le BAC », précise Mme Fortin.

Une IPSPL peut faire de nombreuses tâches associées à un médecin de famille. « On peut prendre en charge tout ce qui est fréquent, comme les maux de dos ou de tête, ou des maladies chroniques, la bronchite par exemple. Aussi, nous n’avons aucune restriction en ce qui a trait à la prescription de médicaments », énumère-t-elle.

D’autres infirmières praticiennes spécialisées en première ligne en devenir effectueront leur stage à La Guadeloupe à l’été 2024.