Une récession en 2024

ÉCONOMIE. Trois conférenciers sont venus présenter leurs perspectives économiques pour l’année 2024 lors d’un déjeuner-conférence du Conseil économique de Beauce qui a eu lieu le 14 décembre au Georgesville.

Le président et chef de la direction de la Sun Life, Robert Dumas, la présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec et vice-présidente principale, politiques et affaires publiques chez Manufacturiers et Exportateurs du Canada, Véronique Proulx, ainsi que le vice-président et gestionnaire de portefeuille de Fiera Capital, Nicolas Vaugeois, ont traité du contexte géopolitique, de l’inflation, du marché de l’emploi et d’une éventuelle récession devant une salle comble.

Sur ce dernier sujet, M. Vaugeois estime que le Canada est au début d’une récession. « Les six à neuf prochains mois seront un petit peu plus durs », estime-t-il. « C’est la première fois en six ans que j’entends autant de préoccupations et d’incertitude chez les manufacturiers face à l’avenir. […] On voit et on entend le ralentissement dans le secteur manufacturier », renchérit Mme Proulx.

Cette dernière a également expliqué l’écart qui existe entre les PME et les plus grosses entreprises du domaine manufacturier. « On constate un écart important au niveau des intentions d’investir dans la transition numérique entre les entreprises de moins de 100 employés et celles de plus de 100. Près de 50 % des plus petites ne pensent pas investir ou sont incertaines, tandis que lorsqu’on prend l’ensemble des entreprises, 63 % considèrent investir », détaille Mme Proulx. Le manque de connaissances et d’expertise à l’interne, ainsi que la production sur mesure expliquent la différence.

Une situation semblable est observée en ce qui a trait à la décarbonisation et de l’environnement. « Les entreprises de moins de 100 employés sont aux prises avec des problèmes quotidiens, comme le manque de main-d’œuvre et de financement. Le PDG porte souvent plusieurs chapeaux (responsable des opérations, des ressources humaines, des exportations, etc.), ce qui fait que la décarbonation est peut-être plus basse dans sa liste de priorités, mais s’il y croit en tant que personne », explique-t-elle.

M. Dumas, qui animait la conférence, ne pouvait faire abstraction du contexte géopolitique pour aborder l’économie de la prochaine année. La guerre en Ukraine et celle entre Israël et le Hamas pourraient avoir une incidence sur le prix du baril de pétrole, croit M. Vaugeois. L’élection présidentielle américaine, de même que celles au Mexique et à Taïwan pourraient toutes avoir un impact sur l’économie américaine et donc, canadienne.

Prévisions 2024

M. Vaugeois prévoit une baisse du produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 1 %, tant au Québec qu’au Canada. Il estime que le taux de chômage va continuer de monter pour atteindre, « mais on ne devrait pas voir de taux de chômage comme durant la COVID-19 ou la crise de 2008. » Pour ce qui est de l’inflation, le conférencier s’attend à ce qu’elle tourne autour de 2 à 3 %. Enfin, il croit que le dollar canadien atteindra les 0,80 $ américains en 2024.