Une usine de biométhanisation construite d’ici 2027 à Saint-Éphrem?

AGRICULTURE. Keridis Bioénergie souhaite construire une usine de biométhanisation agricole à Saint-Éphrem-de-Beauce, un projet adapté au besoin de la municipalité et évalué entre 30 et 40 M$ qui pourrait voir le jour d’ici 2027. 

Les discussions entre la municipalité et l’entreprise se spécialisant dans le codéveloppement et le co-investissement de la filière biométhanisation ont commencé il y a à peine six mois. Un emplacement a déjà été choisi pour bâtir les installations. Il se situe dans un boisé du Rang 10, où la conduite principale de gaz naturel passe.

Keridis Bioénergie estime être rendu à l’étape des études de marché afin de s’assurer de la viabilité du projet. Ce dernier avance bien, selon Simon Naylor, président du conseil chez Keridis, alors qu’un terrain respectant les exigences du ministère de l’Environnement a déjà été trouvé. Des changements au schéma d’aménagement de la MRC Beauce-Sartigan doivent toutefois être apportés. Certains agriculteurs de la région ont signifié leur intérêt au projet et même à investir du capital dans les installations. 

L’usine de biométhanisation agricole permettrait le traitement d’environ 60 000 tonnes de fumier et de lisier agricole d’une dizaine de fermes du secteur annuellement, matières desquelles du gaz naturel sera extrait et revendu à Énergir. « On va également ramener à l’agriculteur du digestat, du fumier digéré qui sent beaucoup moins fort et dont les valeurs fertilisantes sont améliorées. On vient donc améliorer la performance environnementale des agriculteurs significativement », explique M. Naylor, ajoutant que ce projet permettra également d’amener une source de revenu supplémentaire stable pour les vingt prochaines années aux agriculteurs éphremois.

S’assurer de l’acceptabilité sociale

La municipalité de Saint-Éphrem et Keridis Bioénergie sont d’avis que le plus important avec la mise en œuvre de l’usine est qu’elle soit acceptée par l’ensemble de la communauté. Pour ce faire, des consultations publiques seront organisées dans les mois à venir dans le cadre de changements dans la réglementation municipale du projet. Des séances d’informations pourraient également être tenues dans les étapes à venir.

« Économiquement parlant, ce projet va générer des emplois et des retombées. Pour nous, c’est donc très important de s’impliquer. Saint-Éphrem se démarque beaucoup sur les volets industriel et agricole et ce projet vient réunir les deux volets », mentionne Bastien Thibaudeau, directeur général, en rappelant que la municipalité a un rôle d’accompagnement et de collaboration pour la mise aux normes du projet.

L’odeur engendrée par l’usine se retrouve parmi les craintes citoyennes les plus communes lors de l’élaboration d’un tel projet. Antoine Champagne, développeur de projet chez Keridis, assure que si l’usine fonctionne bien et elle est bien conçue, il n’y a aucune crainte à avoir. « Ce qui peut être problématique, c’est lorsque la matière arrive au site. Si ce n’est pas fait dans un endroit où il y a un système de traitement des odeurs, c’est là que ça peut sentir. Après ça, toute la matière est traitée et il n’y a plus d’odeur. » 

« C’est sûr que les citoyens se préoccupent de ce qui s’installe directement dans leur cour et c’est tout à fait normal. Ça ne sent pas plus qu’une ferme, mais c’est certain que ce n’est pas un bureau de comptable, expliquant pourquoi il y a des exigences environnementales à respecter. On ne peut pas construire directement à côté d’une maison », d’ajouter M. Naylor.

Prochaines étapes

Keridis Bioénergie souhaite terminer les études de faisabilité et recevoir les autorisations gouvernementales d’ici la fin de l’année 2024, conclure les plans de construction en 2025 et entamer les travaux en 2026. « Keridis n’est pas une firme d’ingénierie qui vend un plan et qui se pousse après. On est le promoteur, l’investisseur et on conçoit le projet. On va ensuite gérer la construction et après on va s’occuper de gérer l’usine. C’est ça notre métier. […] On est actionnaire, mais on a besoin de partenaires locaux. Si ça n’intéresse personne et que la communauté n’est pas en faveur, on ne s’installera pas à Saint-Éphrem », de conclure le président du conseil.