Voie de contournement à Lac-Mégantic: quelques inquiétudes en Beauce

ENVIRONNEMENT. La construction d’une voie de contournement à Lac-Mégantic, à la suite des tristes événements de juillet 2013, est loin de faire l’unanimité auprès des élus et organismes du Granit. En Beauce, le projet fait également parler et les acteurs du milieu se questionnent sur son impact environnemental.

Les administrateurs du Comité de bassin de la rivière Chaudière (COBARIC) ont dernièrement interpellé l’organisme afin d’en apprendre davantage sur les impacts environnementaux que pourraient avoir la construction d’une voie de contournement à Lac-Mégantic. L’organisme environnemental ne prendra toutefois pas position sur le dossier afin de demeurer neutre. Véronique Brochu, directrice générale, explique que les impacts sur la quantité et la qualité de l’eau sont difficiles à prévoir à court et moyen terme malgré les expertises.

« On a confiance au processus décision de nos gouvernements dans ce genre de dossier-là. On ne veut pas se mettre la tête dans le sable, peu importe le projet, qu’il soit petit, construction d’un quartier résidentiel, ou d’une grande envergure, comme celui de la voie de contournement, il y aura toujours un impact environnemental. On vit en société et on doit vivre avec les décisions de la communauté. »

Aucune étude environnementale ne sera réalisée par le COBARIC. L’organisme qui a un rôle de chien de garde et d’informateurs auprès des différentes instances n’a pas les ressources financières nécessaires pour faire des recherches d’une aussi grande envergure. Le COBARIC a plutôt rédigé et envoyé une lettre à l’intention le ministre de l’Environnement provincial, Benoit Charette, le 19 octobre.

« Dans la lettre, on y détaille certains éléments que l’on aimerait approfondir. C’est vraiment une demande de soutien qui a été demandé au gouvernement provincial. La ligne de fond, c’est vraiment de venir appuyer nos acteurs locaux dans leurs inquiétudes qui sont belles et bien fondées », affirme la directrice générale. L’organisme environnemental était toujours en attente d’un retour de courriel du ministre lors de l’impression du journal. 

« Si ce dossier peut faire avancer la cause de l’eau, tant mieux. C’est souvent une cause qui est mise de côté, parce que l’on en a et ça va bien. Quand ça devient problématique, il est souvent déjà trop tard pour agir. Ça nous prend des suivis sur le long terme. Faire de la prévention, c’est souvent moins intéressant à financer », a-t-elle ajouté.

Réactions des élus

Le maire de Saint-Georges, Claude Morin, dit avoir eu une rencontre avec les représentants de Lac-Mégantic concernant la route de contournement. Il dit craindre le rejet d’eau contaminé directement dans la rivière Chaudière. « Il va y avoir du dynamitage pour faire cette route-là. Puis, ça peut rester des années avant que ça disparaisse », avait-il affirmé en séance du conseil de ville. Le maire ne veut surtout pas perdre sa source principale d’eau potable et d’approvisionnement.

Le maire de Sainte-Marie, Gaétan Vachon, et le député fédéral de la Beauce, Richard Lehoux, ont mentionné avoir été interpellés sur le sujet. Les deux hommes ne souhaitent toutefois pas s’impliquer davantage dans le dossier. M. Lehoux espère que les analyses environnementales ont bien été faites avant la réalisation des travaux. Les maires de Sainte-Marie et Saint-Georges préfèrent déléguer cette expertise au COBARIC. 

« Je ne suis pas un spécialiste dans ce domaine-là et je ne veux pas non plus commencer à m’ingérer dans ce dossier. Nous en avons vécu une catastrophe ici en 2019 et quand je vais commencer à vouloir faire de l’aménagement dans le centre-ville, je verrais mal quelqu’un de l’externe venir se mêler de mes affaires et que l’on commence à nous dire vous ne ferez pas ça ou ça », mentionne M. Vachon.

Un projet polarisant

La construction d’une voie de contournement à Lac-Mégantic a franchi une étape de plus le 6 octobre dernier alors que le gouvernement du Canada a officiellement lancé les appels d’offres des travaux préparatoires, et ce, malgré l’opposition face au tracé actuel, un projet évalué à 1 G$ et financé à 60 % par le fédéral. Selon des données fournies par la municipalité de Frontenac, 77 % des citoyens des municipalités de Lac-Mégantic, de Frontenac et de Nantes sont contre le tracé actuel. Huit organismes du Granit et de l’Estrie s’opposent à la construction principalement pour des raisons environnementales et relatives à l’approvisionnement en eau potable. Des inquiétudes persistent à propos de la perte de milieux humides ainsi que des impacts sur la nappe phréatique et la qualité de l’eau des puits.