Des élèves officiers ukrainiens seront formés au Collège militaire de Saint-Jean

VILNIUS, Lituanie — L’armée canadienne accueillera au Québec des élèves officiers ukrainiens pour un programme de formation intensif développé en partenariat avec l’OTAN, a annoncé mercredi Justin Trudeau.

Le premier ministre, qui était cette semaine à Vilnius, en Lituanie, pour la réunion annuelle des dirigeants des pays membres de l’alliance militaire, a précisé mercredi que les cadets seront formés au Collège militaire royal de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie.

M. Trudeau a déclaré aux journalistes que les Forces armées canadiennes avaient aidé jusqu’ici à former près de 40 000 militaires et membres du personnel de sécurité ukrainiens, dans le cadre de la mission de l’OTAN en Lettonie.

Il avait d’ailleurs annoncé l’expansion de cette mission, plus tôt cette semaine, affirmant que jusqu’à 2200 membres des Forces armées y seront stationnés dans les années à venir, alors que le groupement tactique de l’OTAN se prépare à devenir d’ici 2026 une «brigade apte au combat». 

Ottawa dépensera 2,6 milliards $ au cours des trois prochaines années pour atteindre cet objectif.

Le premier ministre a déclaré que les dirigeants des pays du G7 ont convenu séparément de lancer un processus «afin de fournir des engagements à long terme et pluriannuels pour leur sécurité». Il a estimé que les garanties de sécurité du Canada et de ses alliés enverraient un message clair.

«Depuis plus de 500 jours maintenant, l’Ukraine résiste aux brutalités russes. (Le président russe Vladimir) Poutine a commis une grave erreur de calcul. Il a sous-estimé le courage des Ukrainiens et il a sous-estimé la force de la solidarité et de la détermination de l’Occident, a déclaré M. Trudeau mercredi.

«Poutine veut attendre et broyer l’alliance, broyer les Ukrainiens, mais il ne pourra pas, parce que nous serons là aussi longtemps qu’il le faudra et c’est à cela que servent ces garanties de sécurité.»

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait fustigé l’OTAN, mardi, pour ne pas avoir fixé de calendrier afin que son pays puisse adhérer à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Une «victoire significative» pour l’Ukraine, dit Zelensky

Le premier ministre Trudeau s’est entretenu plus tôt mercredi à Vilnius avec M. Zelensky. Le président ukrainien a remercié le Canada pour son soutien pendant la guerre et M. Trudeau a promis que cela continuerait aussi longtemps que nécessaire. M. Zelensky a déclaré que l’Ukraine avait besoin du soutien de M. Trudeau, ajoutant qu’il était «certain de l’avoir». 

Les dirigeants des 31 pays membres de l’OTAN avaient expliqué mardi dans un communiqué commun que l’Ukraine devait remplir certaines conditions, notamment en matière de réforme démocratique et d’éradication de la corruption. Mais surtout, ont-ils insisté, l’agression de l’Ukraine par la Russie devait d’abord prendre fin avant que l’Ukraine adhère à l’OTAN.

Le président Zelensky a déclaré qu’il était absurde que les dirigeants de l’OTAN n’aient pas fixé de calendrier pour que l’Ukraine en devienne membre.

Mais à la clôture du sommet de deux jours, mercredi, le président Zelensky adoptait un ton bien différent de celui de la veille. Il a déclaré que les rencontres qu’il avait eues à Vilnius avaient été un succès, même s’il est parti sans ce qu’il avait le plus ardemment défendu: une invitation rapide pour que l’Ukraine adhère à l’Alliance atlantique.

«La délégation ukrainienne ramène à la maison une victoire significative en matière de sécurité pour l’Ukraine, pour notre pays, pour notre peuple, pour nos enfants», a-t-il déclaré.

Une première réunion du nouveau Conseil OTAN-Ukraine a par ailleurs eu lieu mercredi. Cet organe vise à approfondir les liens entre les partenaires, pendant que l’Ukraine s’efforce de répondre aux exigences de l’Alliance atlantique.

Et les pays du G7 – présidé cette année par le premier ministre japonais Fumio Kishida, qui a assisté au sommet de Vilnius à titre d’invité – ont publié une déclaration commune qui a jeté les bases pour que chaque pays membre négocie des accords à long terme pour aider l’Ukraine à renforcer son armée.

M. Zelensky y voit un pont vers une éventuelle adhésion à l’OTAN et un moyen de dissuasion face à Moscou. 

Lors de ce sommet de Vilnius, les dirigeants des pays membres de l’OTAN ont également convenu de faire de la cible de «2 % du PIB» un objectif minimal pour leurs dépenses militaires respectives. Un cinquième de ce budget devrait par ailleurs être consacré à de nouveaux équipements ainsi qu’à la recherche et au développement.

Les dépenses militaires du Canada représentent actuellement un peu moins de 1,3 % de son PIB. On a demandé à M. Trudeau s’il pouvait s’engager à atteindre la cible des 2 % d’ici la fin de la décennie. Il n’a pas établi d’échéancier ni confirmé que le Canada atteindrait cet objectif.

«Nous continuerons de chercher à investir davantage si nécessaire pour assurer la sécurité des Canadiens et pour contribuer pleinement dans le monde entier, et nous continuerons de suivre les calculs», a-t-il déclaré.