Helen Mirren, promeut son nouveau film dans un contexte tendu à Jérusalem

JÉRUSALEM — Helen Mirren, qui interprète la première femme première ministre d’Israël dans son dernier film, dit avoir été inspirée par les manifestations contre l’actuel premier ministre du pays.

Mme Mirren, qui dépeint la défunte Golda Meir pendant la guerre de 1973 entre Israël et une coalition d’États arabes dans le film «Golda», a visité Israël alors que le pays est en proie à une crise politique. D’imposantes manifestations ont lieu pour contester le projet du premier ministre Benyamin Nétanyahou de remanier le système judiciaire du pays.

En conférence de presse avant l’ouverture du Festival du film de Jérusalem, Helen Mirren a déclaré qu’elle était inspirée par les manifestations.

«Je suis personnellement très émue et excitée quand on voit ces énormes manifestations, a-t-elle affirmé. Je pense que c’est un moment charnière dans l’histoire d’Israël.»

Le gouvernement de coalition de M. Netanyahou, qui a pris ses fonctions en décembre, est le plus ultranationaliste et ultra-orthodoxe des 75 ans d’histoire d’Israël.

Depuis plus de six mois, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre le projet de refonte judiciaire. Les alliés de Nétanyahou disent que le plan est nécessaire pour limiter les pouvoirs d’un système judiciaire non élu. Ses opposants disent qu’il s’agit d’une prise de pouvoir à peine voilée qui détruira le fragile système de freins et contrepoids du pays.

Helen Mirren a opposé le leadership de Golda Meir – qui servait souvent du café à ses conseillers militaires alors qu’ils se réunissaient dans sa cuisine pour discuter de stratégie – avec celui de Nétanyahou, qui a la réputation d’être distant et déconnecté des Israéliens ordinaires.

«Elle avait un pouvoir immense, mais elle était parfaitement heureuse de se promener dans la cuisine, de faire du café à tout le monde et d’être la grand-mère, a-t-elle raconté. C’est une attitude très différente envers le pouvoir – du pouvoir masculin de type Nétanyahou au pouvoir de la cuisine de Golda Meir.»

La visite de l’actrice intervient également à un moment où le gouvernement de Nétanyahou s’apprête à renforcer son emprise sur la Cisjordanie. Son gouvernement a approuvé des plans pour des milliers de maisons dans les colonies de Cisjordanie, et les tensions avec les Palestiniens augmentent.

Plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens cette année en Cisjordanie occupée, et les attaques palestiniennes visant des Israéliens ont tué au moins 25 personnes. Israël affirme que la plupart des Palestiniens qui ont été tués étaient des militants, bien que des lanceurs de pierres et des personnes non impliquées dans la violence aient également été parmi les morts.

Certains des alliés de Nétanyahou sont des dirigeants des colonies de Cisjordanie qui ont cherché à nier les aspirations nationales des Palestiniens, un sentiment que Golda Meir avait exprimé en 1969.

«Les Palestiniens n’existaient pas», avait déclaré Golda Meir dans une interview avec le «Sunday Times». Le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a récemment fait écho à cela en déclarant «qu’il n’existe pas de peuple palestinien».

Lior Ashkenazi, l’acteur israélien qui joue le chef de l’armée israélienne dans le film, croit que l’ex-première ministre soutiendrait les efforts d’annexion de la Cisjordanie.

«Même si elle était socialiste, a-t-il noté. Je pense qu’elle soutiendrait certainement les colons.»

Le film, réalisé par Guy Nattiv et écrit par Nicholas Martin, se concentre sur le leadership de Golda Meir pendant la guerre du Moyen-Orient de 1973, lorsqu’une coalition d’États arabes dirigée par l’Égypte et la Syrie a lancé une attaque contre Israël à Yom Kippour, le jour le plus saint du calendrier juif.