La Russie bombarde de nouveau le port d’Odessa

KYIV, Ukraine — La Russie a bombardé des villes du sud de l’Ukraine, y compris la ville portuaire d’Odessa, avec des drones et des missiles pour une troisième nuit consécutive de mercredi à jeudi, dans le cadre d’une vague de frappes qui a détruit une partie de l’infrastructure critique d’exportation de céréales du pays.

Au moins deux personnes ont été tuées à Odessa lors de ces attaques, qui surviennent quelques jours après que le président Vladimir Poutine ait retiré la Russie d’un accord de guerre qui permettait à l’Ukraine d’envoyer des céréales à des pays menacés par la famine.

Les attaques se sont intensifiées après que Moscou ait promis des «représailles» en début de semaine pour un attentat qui a endommagé un pont crucial entre la Russie et la péninsule de Crimée annexée par Moscou. Les autorités russes ont imputé cette attaque à l’Ukraine.

Le gouverneur d’Odessa, Oleh Kiper, a déclaré que les défenses aériennes ukrainiennes avaient détruit les 12 drones Shahed de fabrication iranienne et les deux missiles Kalibr qui visaient Odessa.

Il a toutefois ajouté que les systèmes de défense aérienne n’avaient pas été en mesure d’abattre certains missiles en approche, en particulier les types X-22 et Onyx. Il n’a pas précisé combien de missiles avaient réussi à passer.

Les deux personnes décédées à Odessa sont un garde de sécurité de 21 ans et une autre personne retrouvée morte sous les décombres lors d’une opération de recherche et de sauvetage, selon M. Kiper.

À Mykolaiv, une autre ville du sud proche de la mer Noire, au moins 19 personnes ont été blessées dans la nuit, a indiqué le gouverneur de la région, Vitalii Kim, dans une déclaration sur Telegram.

Les frappes russes ont partiellement détruit un bâtiment de trois étages et provoqué un incendie qui a touché une surface de 450 mètres carrés et brûlé pendant des heures. Deux personnes ont été hospitalisées, dont un enfant, selon le gouverneur de la région.

La nuit précédente, un intense bombardement russe à l’aide de drones et de missiles a endommagé des infrastructures portuaires essentielles à Odessa, notamment des terminaux céréaliers et pétroliers. L’attaque a détruit au moins 60 000 tonnes de céréales.

Le responsable des affaires étrangères de l’Union européenne a condamné le fait que la Russie ait pris pour cible des installations de stockage de céréales.

«Plus de 60 000 tonnes de céréales ont été brûlées, a dénoncé Josep Borrell à Bruxelles jeudi, commentant les récentes tactiques de Moscou. Non seulement ils se retirent de l’accord sur les céréales, mais ils brûlent les céréales.»

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré lors de la même réunion que l’UE participait aux efforts internationaux visant à mettre les céréales ukrainiennes sur le marché mondial.

«Le fait que le président russe ait annulé l’accord sur les céréales et qu’il bombarde maintenant le port d’Odessa n’est pas seulement une nouvelle attaque contre l’Ukraine, mais aussi une attaque contre le peuple le plus pauvre du monde, a-t-elle déclaré. Des centaines de milliers de personnes, pour ne pas dire des millions, ont un besoin urgent de céréales en provenance d’Ukraine.»

Par ailleurs, la Maison-Blanche a prévenu mercredi que la Russie préparait d’éventuelles attaques contre des navires civils en mer Noire. Cet avertissement pourrait alarmer les transporteurs et faire grimper les prix des céréales.

La Russie a posé de nouvelles mines marines aux abords des ports ukrainiens, a déclaré Adam Hodge, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

«Nous pensons qu’il s’agit d’un effort coordonné visant à justifier toute attaque contre des navires civils en mer Noire et à rejeter la responsabilité de ces attaques sur l’Ukraine», a-t-il ajouté.

Dans le territoire de Crimée annexé par la Russie, «un drone ennemi» ― une référence apparente à l’Ukraine ― a attaqué une ville dans le nord-ouest de la péninsule, a rapporté jeudi le gouverneur de la région nommé par Moscou, Sergei Aksyonov. Il a précisé que l’attaque avait endommagé plusieurs bâtiments administratifs et tué une adolescente.

Par ailleurs, le ministère biélorusse de la Défense a révélé jeudi que l’armée du pays continuait à s’entraîner avec des combattants de l’entreprise militaire privée Wagner, sur un terrain d’entraînement situé près de la frontière polonaise.

Les exercices se poursuivront pendant une semaine, a indiqué le ministère sur Telegram, et a promis de donner plus de détails ultérieurement.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui a négocié un accord mettant fin à la rébellion lancée le mois dernier par le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, a déclaré que l’armée de son pays pourrait bénéficier de l’expérience de combat des mercenaires.