Un deuxième médicament retarderait un peu l’Alzheimer, mais pas sans risques

WASHINGTON — Un autre médicament expérimental contre la maladie d’Alzheimer pourrait ralentir un peu l’aggravation inévitable de l’état des patients – d’environ quatre à sept mois, ont rapporté lundi des chercheurs. Mais il ne serait pas sans risques.

La pharmaceutique Eli Lilly demande à l’administration américaine des aliments et médicaments (FDA) d’approuver son «donanemab». S’il était autorisé, ce ne serait que le deuxième traitement contre la maladie d’Alzheimer qui retarderait de manière convaincante la maladie débilitante, après le «Leqembi» récemment approuvé, de la pharmaceutique japonaise Eisai.

Lors de la conférence internationale de l’Association Alzheimer, lundi à Amsterdam, le docteur John Sims, de Lilly, a rappelé aux journalistes que le «donanemab» ne guérit pas de la maladie, tout comme les traitements contre le diabète ne le guérissent pas non plus. Mais selon lui, cela ne signifie pas qu’on ne puisse pas bénéficier de traitements significatifs pour les patients.

Lilly avait déjà annoncé en mai que le donanemab semblait fonctionner. Lundi, les résultats complets d’une étude portant sur 1700 patients ont été publiés par le Journal de l’«American Medical Association» (JAMA) et présentés lors de la conférence d’Amsterdam.

Le donanemab et le Leqembi sont tous deux des anticorps fabriqués en laboratoire et administrés par voie intraveineuse, qui ciblent l’un des coupables de la maladie d’Alzheimer, les plaques amyloïdes qui s’accumulent dans le cerveau. Mais les deux médicaments s’accompagnent d’un grave problème de sécurité: un gonflement ou une hémorragie du cerveau qui, dans l’étude de Lilly, a été lié à trois décès.

Des scientifiques estiment d’ailleurs que si ces médicaments peuvent marquer une nouvelle ère dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, d’énormes questions subsistent quant aux patients qui devraient les essayer et aux avantages qu’ils en retireront vraiment.

«Les avantages modestes ne seraient probablement pas remis en question par les patients, les cliniciens ou les clients si les anticorps amyloïdes étaient à faible risque, peu coûteux et simples à administrer — ce qui n’est pas le cas», a écrit le docteur Eric Widera, de l’Université de Californie à San Francisco, dans un éditorial du «JAMA» accompagnant l’article sur les nouvelles données de Lilly.

Le principal enjeu de sécurité est le gonflement ou les microhémorragies dans le cerveau, qui ne provoquent souvent aucun symptôme, mais peuvent parfois être graves, voire mortels. Environ un quart des receveurs de donanemab ont montré des signes de ce gonflement et environ 20 % ont eu des microhémorragies.

Les scientifiques savent déjà que les patients recevant une thérapie ciblée sur l’amyloïde ont besoin de tomodensitomètres cérébraux répétés pour vérifier ces effets secondaires — un obstacle coûteux et qui exige beaucoup de temps clinique.

Autre préoccupation: plus de 90 % des participants à l’étude étaient blancs, ce qui laisse peu de données sur la façon dont d’autres populations pourraient réagir, a souligné dans le «JAMA» la spécialiste de la maladie d’Alzheimer Jennifer Manly, de l’Université de Columbia.