Un morceau du Mur de Berlin placé près du mur frontalier du Mexique et des États-Unis

TIJUANA, Mexique — Alors que le gouvernement américain construisait le dernier tronçon de son mur frontalier, le Mexique a fait un coup d’éclat en posant les restes du mur de Berlin à quelques pas de là.

La dalle de béton gris grêlée de trois tonnes se trouve entre les arènes, un phare et le mur frontalier qui s’étend dans l’océan Pacifique.

«Que cela soit une leçon pour construire une société qui abat les murs et construit des ponts», peut-on lire sous l’imposante relique de la guerre froide, attribuée à la mairesse de Tijuana, Montserrat Caballero, et intitulée «Un monde sans murs».

Pour Mme Caballero, comme pour beaucoup des 2 millions d’habitants de Tijuana, le mur américain est personnel et politique, il fait partie du tissu urbain et est une réalité. 

L’installation a été inaugurée le 13 août lors d’une cérémonie en présence de Mme Caballero et de Marcelo Ebrard, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Mexique, aujourd’hui l’un des principaux candidats à la présidentielle.

Des fragments du mur de Berlin se sont dispersés dans le monde entier après son effondrement en 1989, et des collectionneurs les ont déposés dans des hôtels, des écoles, des gares de transport en commun et des parcs. 

Marcos Cline, qui réalise des publicités et d’autres productions numériques à Los Angeles, avait besoin d’un foyer pour son artefact et a trouvé un allié auprès de la mairesse de Tijuana.

«Combien de familles ont versé leur sang, leur travail et leur vie pour franchir le mur ? Le conflit social et politique est différent du mur de Berlin, mais c’est un mur en fin de compte. Et un mur est toujours un sphinx qui divise et ensanglante les nations», a souligné l’élue.

Le président Joe Biden a publié un décret dès le premier jour de son mandat pour arrêter la construction du mur, mettant ainsi fin à un effort de signature de son prédécesseur, Donald Trump. Mais son administration a progressé avec de petits projets déjà sous contrat, notamment le remplacement d’un mur à deux couches à San Diego mesurant 5,5 mètres de haut par un autre s’élevant de 9,1 mètres et s’étendant sur un kilomètre jusqu’à l’océan.

Le mur traverse Friendship Park, un site transfrontalier érigé par les États-Unis en 1971 pour symboliser les liens binationaux. Pendant des décennies, des familles séparées par leur statut d’immigration se sont rencontrées à travers des barbelés et, plus tard, une clôture grillagée. C’est une destination festive prisée des touristes et des résidents du Mexique.

Le gouvernement américain a progressivement restreint l’accès au parc depuis San Diego au cours des 15 dernières années, dans un parc d’État qui permettait autrefois des cours de yoga, des services religieux et des festivals de musique transfrontaliers. Après une longue réflexion, l’administration Biden a accepté de maintenir le mur à six mètres pour une petite section où un certain accès sera autorisé.