Canada: des pompiers de l’étranger aident à la lutte à plusieurs feux de forêt

MONTRÉAL — Hunter Sousa, un jeune homme de 18 ans de l’État du Maine, a fêté l’obtention de son diplôme d’études secondaires en sautant dans un camion et en se rendant en Nouvelle-Écosse pour combattre le plus grand incendie de forêt de l’histoire de la province.

Le jeune Sousa travaille pour le service forestier du Maine en tant que pompier sur appel, mais il n’avait jamais combattu d’incendie auparavant. L’appel de son supérieur est venu un jeudi.

« Ils ont dit qu’ils se réuniraient à Bangor vendredi soir et j’ai eu mon diplôme vendredi soir, alors j’ai obtenu mon diplôme et je me suis dirigé vers Bangor et j’ai rencontré le reste de l’équipage, puis, nous nous sommes dirigés vers la Nouvelle-Écosse, », a-t-il raconté lors d’un récent entretien.

Hunter Sousa est l’un des nombreux pompiers étrangers qui ont été mis en service alors que le Canada affrontait sa pire saison de feux de forêt de mémoire récente. Originaires de 10 pays différents sur les cinq continents, ils ont lutté contre les flammes, la fatigue et les moustiques pendant des séjours de 14 jours consécutifs ou plus dans des conditions inconnues pour eux.

Dans le cas de Hunter Sousa, sa tâche principale lors de l’incendie de Barrington Lake, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, consistait à cartographier l’étendue de l’incendie en marchant autour du secteur brûlé _ appelé le «noir» _ et en marquant le périmètre dans une application sur son téléphone cellulaire.

Pour certains autres pompiers, leur voyage au Canada a donné une vue de premier plan sur des enfers d’une ampleur que peu d’entre eux avaient vus dans leur vie.

Éric Flores, le chef d’une équipe de plus de 100 pompiers français dépêchés au Québec, affirme que les incendies sont beaucoup plus importants _ et plus difficiles _ que ce qu’il voit habituellement chez lui. M. Flores a été dépêché dans la région québécoise de la Mauricie, dans une zone proche d’un village des Premières Nations accessible uniquement par hélicoptère. Lors d’un récent entretien téléphonique, il a déclaré que même si la zone est humide et marécageuse, le feu se propage à travers les racines souterraines et même sous l’eau.

« Malgré le fait qu’on ait les pieds dans l’eau, ça brûle », a-t-il dit.

Éric Flores et son équipe ont été chargés de sauver le village nordique atikamekw d’Obedjiwan d’un incendie incontrôlable de 150 kilomètres carrés. Il a expliqué que les pompiers se concentraient sur le maintien de la ligne sud près du village avec des coupe-feu et en déterrant les braises fumantes avant qu’elles n’atteignent la végétation de surface.

« Puisqu’il y a des arbres immenses, le feu prend très vite de grandes proportions car une fois qu’il a commencé à sortir du sol, il attaque les arbres, il monte au sommet et vous avez des arbres de 30, 40 mètres et c’est comme ça vous avez de gros incendies qui démarrent très, très rapidement.»

Mercredi soir, Éric Flores a déclaré que les pompiers avaient réussi à retenir les flammes. Cependant, ils ont moins bien réussi à contenir le «nombre incroyable» de mouches et de moustiques qu’il décrit comme leur plus grand défi.

« Parfois, ils se font manger vivants. »

Jeudi, 1 477 pompiers étrangers étaient déployés en Ontario, au Québec, en Colombie-Britannique et en Alberta par l’intermédiaire du Centre interservices des feux de forêt du Canada, a indiqué le groupe dans un courriel. Ce nombre comprend des pompiers du Mexique, du Portugal, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Chili, du Costa Rica, d’Espagne et des États-Unis.

L’un des contingents les plus importants est composé de 400 personnes d’Afrique du Sud, qui sont déployées en Alberta et travaillent par quarts de travail de 14 jours consécutifs, suivis de quatre jours de congé.

Vincent Lubisi, un chef d’équipe, a expliqué que les Sud-Africains ont dû apprendre à combattre les incendies dans un pays avec une végétation et des climats différents.

À Edson, en Alberta, où il travaillait, l’accent était mis sur la sécurisation des périmètres de l’incendie et sur le travail lent vers l’intérieur. « En Afrique du Sud, ils combattent le feu plus directement », a-t-il résumé.

Le contingent comprend des coordonnatrices comme Antoinette Jini, qui aide à organiser les équipes sur le terrain, en assurant que les missions soient comprises et que les bonnes informations soient transmises.

Bien que les Sud-Africains soient là pour aider, elle dit que leur expérience au Canada est mutuellement bénéfique, car elle leur permet de se familiariser avec les ressources et les techniques nord-américaines, telles que celles utilisées pour cartographier les incendies. « Nous avons construit la relation et nous avons appris beaucoup de choses pendant que nous nous engageons et collaborons », a-t-elle précisé.

Alors que les pompiers travaillent dur, tous disent avoir également apprécié l’expérience. Hunter Sousa a apprécié la beauté de la Nouvelle-Écosse et le soutien des résidents, tandis que Lubisi dit qu’il s’est amusé à collaborer avec ses collègues étrangers.

Éric Flores a déclaré que les équipes françaises prévoyaient mercredi soir de trouver le temps de célébrer la Fête de la Musique française avec une petite célébration et quelques bières. La fête se terminerait tôt, a-t-il dit, notant que les pompiers devaient se lever à 5h00 du matin le lendemain pour une autre longue journée dans la forêt du Québec.