Cancer du sein: survie et qualité de vie s’améliorent constamment

MONTRÉAL — La plupart des femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein peuvent maintenant espérer survivre à la maladie pendant plusieurs années, assure une nouvelle étude publiée par le journal médical The BMJ.

Les données révèlent ainsi que le risque moyen de décès dans les cinq années qui suivent le diagnostic est passé de 14 % à 5 % depuis les années 1990. Ce risque était de 3 % et moins pour plus de 60 % des femmes dont le diagnostic est intervenu entre 2010 et 2015.

Ces chiffres, disent les auteurs de l’étude, sont très rassurants pour les femmes dont la maladie est détectée tôt, puisqu’elles peuvent espérer y survivre pendant longtemps. Les données aideront aussi à identifier les femmes dont le risque de décès demeure plus élevé, ajoutent-ils.

Cette amélioration est notamment attribuable à toutes les nouvelles armes dont la médecine moderne s’est dotée au cours des dernières années pour combattre le cancer du sein, a commenté le professeur Alain Nepveu, qui est entre autres chercheur à l’Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman de l’Université McGill.

«Tout ça fait en sorte qu’il y a des avancées. Ce n’est pas le jour et la nuit, mais dans un certain nombre de cas ça améliore les espérances de vie, a-t-il dit. Ce qu’on peut dire, certainement, c’est qu’on allonge l’espérance de vie des patientes du cancer, on vous donne du temps, et si vous avez un cancer, le temps, c’est précieux.»

C’est non seulement l’espérance de vie des patientes qui est allongée, ajoute-t-il, mais aussi leur qualité de vie qui est améliorée, puisque les nouveaux traitements en remplacent souvent d’anciens, comme la chimiothérapie dont les effets secondaires déplaisants n’ont certainement plus besoin d’être décrits.

Si on sait depuis longtemps que le taux de survie des femmes atteintes d’un cancer du sein s’améliore, c’est la première fois que cette amélioration est mesurée et quantifiée. Pour y parvenir, les auteurs de l’étude ont examiné plus de 510 000 Britanniques touchées par un cancer du sein précoce, dont c’était le premier cancer, qui ont reçu leur diagnostic entre janvier 1993 et décembre 2015, et qui avaient subi une chirurgie.

Toutes les femmes ont été suivies jusqu’en décembre 2020.

En moyenne, le risque de mortalité dans les cinq années suivant le diagnostic était de 14,4 % pour les femmes diagnostiquées entre 1993 et 1999, et de 4,9 % pour celles diagnostiquées entre 2010 et 2015.

Si on tient compte uniquement des quelque 155 000 femmes qui ont reçu leur diagnostic entre 2010 et 2015, le risque de mortalité fluctuait grandement selon certaines caractéristiques de la maladie, selon l’âge de la patiente et selon le moment de la détection. Ce risque était de moins de 3 % pour 62,8 % des femmes, mais de plus de 20 % pour 4,6 % d’entre elles.

D’ailleurs, a souligné le professeur Nepveu, les auteurs de l’étude montrent que plus la tumeur est grosse au moment du dépistage, plus la mortalité augmente.

«Ça ne veut pas dire qu’une tumeur qui est petite ne développera pas de métastases, a-t-il dit. Mais comme la grosse tumeur a plus de cellules, alors la fréquence des métastases est augmentée, et ce sont les métastases qui vous tuent.»

Cela étant dit, poursuit-il, quand on voit les avancées des dernières années, les taux de survie à 30 ans montrent qu’on est en voie de transformer le cancer «de maladie mortelle en maladie chronique».

«Vous finissez par vivre avec votre cancer et on peut prolonger votre vie de sorte que vous risquez de mourir d’autre chose que du cancer, a expliqué le professeur Nepveu. Et ça, c’est même dans les pires cas.»

Plus de deux millions de femmes reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année à travers le monde.