Des opposants à un télescope à Hawaï financé par le Canada font appel à l’ONU

OTTAWA — Le Canada est sous le feu de critiques pour son soutien à un télescope controversé dont le développement est prévu sur l’île d’Hawaï en raison d’allégations selon lesquelles le projet viole les droits des Autochtones.

Un groupe d’universitaires et des organisations de défense des droits ont demandé vendredi dernier au Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale une action urgente concernant le développement du télescope de trente mètres (TMT).

«Le gouvernement du Canada est un partenaire majeur et un partisan du projet TMT que les Hawaïens Autochtones ont contesté légalement pendant des décennies, en plus de s’y être opposé physiquement», a déclaré Uahikea Maile, directeur du groupe de recherche dirigé par des Autochtones Ziibiing Lab et professeur à l’Université de Toronto.

«Nous ne devons pas tolérer le statu quo des violations canadiennes des droits de la personne contre les peuples autochtones, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de ses frontières», a-t-il ajouté.

Le télescope devrait être construit sur le Mauna Kea, un endroit qui, selon les chercheurs, offre des conditions d’observation idéales, car il est situé au-dessus de 40 % de l’atmosphère terrestre et bénéficie d’un climat favorable à la capture d’images nettes.

Le sommet du volcan revêt également une importance culturelle pour les Kanaka Maoli, les peuples autochtones d’Hawaï, qui se sont opposés à la mise en place du télescope.

Le Conseil national de recherches, qui a fourni une partie du financement canadien de 30 millions $ pour les coûts de construction, dit qu’il examine la pétition et note que le gouvernement fédéral respecte les «principes» de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

En 2015, le gouvernement fédéral conservateur précédent avait promis 243 millions $ pour aider à financer le projet sur 10 ans.

Les pétitionnaires veulent que l’ONU tienne le Canada responsable des «violations des droits des Autochtones» lors de sa prochaine session. Ilssoutiennent que les organisations astronomiques canadiennes ont délibérément déformé l’obtention du consentement des Hawaïens Autochtones, bien que certaines aient mis en place des politiques indiquant qu’elles ne procéderaient pas sans cela.

Vincent Wong, membre du Transnational Law and Racial Justice Network et avocat qui a contribué à la soumission de la lettre à l’ONU, a déclaré que le Canada avait des obligations internationales uniques en matière de droits de la personne à respecter.

Ce n’est pas la première fois que le projet fait l’objet de critiques.

En 2019, l’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique avait écrit une lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau et au gouverneur d’Hawaï appelant à l’arrêt des plans de construction de TMT et au retrait du soutien du Canada au projet, qui, selon eux, a un impact sur la géologie et la faune en voie de disparition du Mauna Kea ainsi que sur les pratiques culturelles vitales pour le Kanaka Maoli.

Alors que le Canada fait l’objet de cet appel aux Nations unies, d’autres pays participent également au développement du télescope, notamment les États-Unis, le Japon, la Chine et l’Inde.

Toujours en 2019, des anciens, connus sous le nom de kūpuna, qui protestaient contre le développement du télescope, ont été arrêtés par la police. Cela a conduit le Dr Robert P. Kirshner, un professeur de l’Université de Toronto et directeur fondateur du projet TMT au Canada, à publier une lettre disant que «leurs valeurs institutionnelles sont assez fondamentalement opposées à la construction et à l’exploitation d’installations de recherche par la police et la force militaire».

Le Dr Kirshner a déclaré que l’approche de TMT en matière d’engagement communautaire a changé depuis 2019 et, dirigée par une équipe établie à Hilo, l’organisation a eu «des conversations authentiques et approfondies avec des centaines de personnes qui ont protesté contre TMT».

Selon lui, ceux qui s’opposent au projet «contribuent à une conversation importante» sur son avenir sur le Mauna Kea. Il estime qu’à travers des discussions, les habitants d’Hawaï et les Hawaïens Autochtones décideront si le projet ira de l’avant.