Des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées dans l’eau de La Baie

MONTRÉAL — Le ministère de la Défense nationale a reconnu mercredi après-midi la présence de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (SPFA) dans les eaux et les sols de sa base de Bagotville, à Saguenay. 

La ministre Anita Anand précise dans un communiqué que «des SPFA ont été trouvés à la base des Forces canadiennes Bagotville autour de l’ancienne zone d’entraînement des pompiers du côté sud de la base, ainsi qu’à proximité des hangars, des bâtiments et des bassins de rétention d’eau du côté nord de la base». 

Ces substances pourraient provenir des mousses extinctrices qui étaient utilisées par les pompiers lors de l’entraînement pendant plusieurs décennies jusqu’à il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, même si les mousses demeurent utilisées en cas d’urgence pour éteindre les incendies de carburant, de l’eau est utilisée pour la formation. 

Le ministère de la Défense dit travailler avec la Ville de Saguenay et Québec sur cette question. 

«Nous nous engageons à gérer les effets de notre héritage opérationnel de manière responsable et à faire notre part pour protéger la santé des Canadiens», dit Mme Anand, qui précise que le ministère continuera de «surveiller la qualité de l’eau potable sur la base et de mener d’autres études environnementales pour déterminer s’il existe un lien entre les sources de SPFA sur la base et celles trouvées aux limites de la propriété».

La Ville de Saguenay, qui dit avoir été convoquée à une présentation du ministère sur les SPFA, ferait le lien entre les substances observées sur la base militaire et dans l’eau potable d’un de ses secteurs.

«Bien que les composés perfluorés se retrouvent dans l’environnement de différentes façons, (les mousses ignifuges) expliqueraient en grande partie les données obtenues pour l’arrondissement de La Baie», indique la municipalité dans un communiqué. 

8000 personnes concernées

La Ville de Saguenay précise que «des résultats inhabituels (de SPFA) ont été enregistrés pour un secteur précis de l’arrondissement de La Baie». Quelque 8000 résidants sont concernés par cette situation, mais «l’eau demeure potable», peut-on lire. 

C’est lors d’une campagne d’échantillonnage effectuée de novembre 2022 à février 2023 par le ministère québécois de l’Environnement que la présence de SPFA a été détectée. 

La Ville a mis en place des mesures dès les premiers résultats disponibles, en décembre, en fermant un puits utilisé de manière ponctuelle qui présentait des résultats inhabituels. Elle a ensuite entamé ses propres campagnes d’échantillonnage pour obtenir un portait complet de la situation. 

«Dès le constat de la situation, il y a quelques semaines à peine, j’ai contacté les différents paliers de gouvernement pour obtenir le soutien nécessaire. Également, tous les services municipaux concernés ont été mis à profit pour trouver des solutions applicables dans de brefs délais», affirme la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, dans le communiqué. 

Des mesures temporaires seront tout d’abord mises en place et seront en fonction d’ici janvier. Il s’agit de récupérer les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées à la sortie des puits et d’en disposer de manière adéquate.

De plus, les résidants qui ont un puits privé dans le secteur ciblé seront raccordés au réseau d’aqueduc. 

De manière plus permanente, la Ville cherche à identifier une nouvelle source d’eau potable pour y construire une installation de traitement et de distribution.

Les autres secteurs de Saguenay n’ont «que de faibles traces de composés perfluorés sur la majorité de son territoire, les valeurs obtenues étant bien en dessous des éventuelles normes qui pourraient être instaurées par les paliers de gouvernement», indique la Ville. 

Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées sont «très persistantes dans l’environnement», selon l’Institut national de santé publique du Québec. «L’exposition chronique (ou à long terme) à certaines SPFA peut être associée à des effets sur la santé», même s’il subsiste des incertitudes dans la communauté scientifique quant à leur gravité.