Dominic LeBlanc estime que le N.-B. a fait erreur sur la «politique 713»

FREDERICTON — Les récents changements apportés à la politique du Nouveau-Brunswick sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles étaient une erreur, a estimé mercredi le ministre fédéral Dominic LeBlanc, par ailleurs député de cette province.

La veille, le premier ministre Blaine Higgs avait procédé à un remaniement ministériel, à la suite de dissidences sur cet enjeu.

Le changement apporté à la «politique 713» n’oblige plus les enseignants à utiliser des prénoms et des pronoms préférés pour les élèves transgenres et non binaires de moins de 16 ans. La nouvelle politique oblige les enfants de moins de 16 ans à obtenir le consentement parental pour changer leurs prénoms ou pronoms utilisés à l’école.

Selon le ministre fédéral, cela complique les choses pour les jeunes et pour les familles. «Il s’agit clairement d’un effort de division de la part du gouvernement», a-t-il déclaré aux journalistes à Fredericton, peu de temps après avoir fait une annonce de financement, aux côtés de M. Higgs, pour l’édifice de la faculté de droit de l’Université du Nouveau-Brunswick.

«Et nous ne pensons pas qu’il soit particulièrement constructif d’avoir un débat prolongé et qui sème la division à l’Assemblée législative à ce sujet. Ça ne semble certainement pas non plus avoir été un grand succès pour le gouvernement Higgs.»

Le premier ministre progressiste-conservateur a dû composer avec les conséquences des modifications à la «politique 713» depuis leur annonce début juin. 

Deux ministres ont démissionné ce mois-ci, en invoquant le style de leadership du premier ministre. Ils soutiennent que les modifications apportées à cette politique ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Lors d’un remaniement mardi, le premier ministre Higgs a aussi évincé de son cabinet deux autres ministres qui avaient critiqué son leadership.

De plus, six membres de son caucus ont voté avec l’opposition plus tôt en juin pour forcer l’adoption d’une motion à l’Assemblée législative demandant au Défenseur des enfants et des jeunes du Nouveau-Brunswick de revoir les changements apportés à la «politique 713».

Trudeau avait déjà dénoncé

M. LeBlanc n’est pas le premier politicien fédéral à s’inviter dans le débat. Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré à Toronto plus tôt ce mois-ci que «les enfants trans ont besoin de se sentir en sécurité, et non pas ciblés par les politiciens».

«Nous voyons cette rhétorique en colère et haineuse augmenter sur notre continent, ciblant en particulier les personnes trans», a déclaré M. Trudeau lors d’un événement bénéfice pour l’association caritative LGBTQ «Rainbow Railroad».

«Les acteurs politiques d’extrême droite tentent de se surpasser avec les types de cruauté et d’isolement qu’ils peuvent infliger à ces personnes déjà vulnérables. En ce moment, on dit aux enfants trans du Nouveau-Brunswick qu’ils n’ont pas le droit d’être eux-mêmes, qu’ils doivent demander la permission.»

Le chef du Parti conservateur fédéral, Pierre Poilievre, n’était pas aussi critique. Il a déclaré aux journalistes plus tôt cette semaine à Moncton que le premier ministre Trudeau n’avait pas à exprimer ses opinions sur un enjeu provincial.

«Le premier ministre n’a pas à se mêler de décisions qui devraient incomber aux provinces et aux parents. Je dis à Justin Trudeau de laisser les provinces gérer les écoles et de laisser les parents élever leurs enfants.»

Dominic LeBlanc avait à son tour un message à adresser à M. Poilievre, mercredi: les provinces n’hésitent jamais à faire des suggestions à Ottawa, souvent dans des champs de compétence fédérale.

«Avec les provinces, c’est toujours 13 contre un, a-t-il dit. Soutenir que le respect des droits de la personne, le respect de la diversité, c’est une compétence uniquement provinciale, ce n’est pas très honnête non plus.»