Formation d’enseignants non qualifiés dès septembre: oui mais, disent les syndicats

MONTRÉAL — La voie rapide pour les enseignants non légalement qualifiés qui veulent parfaire leur formation prend forme, alors que l’Université TÉLUQ recevra une première cohorte de candidats dès la rentrée automnale.

La TÉLUQ précise qu’elle offrira «100 % à distance» un Diplôme d’études supérieures spécialisées de 30 crédits, qui s’adresse au personnel enseignant des niveaux préscolaire et primaire en exercice, qui détiennent un baccalauréat, mais qui ne sont présentement pas légalement qualifiés pour enseigner.

Une présélection des candidats sera faite par les Centres de services scolaires et un encadrement sera assuré dans le milieu scolaire, précise la TÉLUQ.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, s’en est réjoui, lui qui avait annoncé en janvier qu’il voulait développer une voie rapide menant au brevet d’enseignement.

Québec a eu recours à l’embauche d’enseignants non légalement qualifiés à cause de la pénurie d’enseignants.

«Je salue l’initiative de l’Université TÉLUQ et des Centres de services scolaires et j’invite toutes les universités à élaborer leur propre programme de 30 crédits en enseignement. Je réitère l’importance de qualifier le personnel qui travaille déjà auprès de nos élèves dans les écoles. Face aux défis que représente la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de l’éducation, tous doivent mettre la main à la pâte», a déclaré le ministre Drainville, par voie de communiqué vendredi.

Oui, mais

Les syndicats d’enseignants se montrent ouverts tout en apportant des bémols. 

En entrevue, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ, Josée Scalabrini, affirme qu’elle ne peut être contre le fait que l’on trouve une façon plus rapide de rendre des enseignants disponibles et formés, mais ça ne devrait pas se faire aux dépens de la formation en pédagogie, insiste-t-elle.

«Il faut s’assurer que toute la dimension pédagogique est là dans ce qui va être amené. On ne veut pas former des robots à partir de méthodes considérées probantes dans certains milieux. On veut des enseignants qui vont être capables, de façon critique, de choisir leurs méthodes pédagogiques pour enseigner à nos jeunes», a commenté Mme Scalabrini.

La dirigeante syndicale se dit donc ouverte «mais dans le respect de la valorisation de la profession».

«Nous, pour une mesure temporaire, puisqu’on a besoin d’enseignants, pour ne pas dévaloriser la profession, ce qu’on veut, c’est d’être associés aux critères et aux balises qui vont être donnés pour accompagner ces gens-là qui voudraient poursuivre leurs études», a-t-elle ajouté.

Les cours de 30 crédits offerts par l’Université TÉLUQ portent par exemple sur la gestion efficace des comportements, les pratiques évaluatives en contexte scolaire, l’hétérogénéité des élèves et les pratiques inclusives.