Ingérence étrangère: May dit ne pas avoir eu accès aux documents essentiels

OTTAWA — La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, déplore avoir eu accès à des «notes de bas de page»référençant des documents confidentiels sur l’ingérence étrangère sans pouvoir prendre connaissance de l’information elle-même.

«Ce n’est pas possible de rendre une conclusion sans accès aux documents officiels», a-t-elle dit vendredi en point de presse à Ottawa.

Elle a mentionné qu’elle croyait que c’était une erreur puisqu’elle estime que l’ex-rapporteur spécial David Johnston voulait que tous les chefs d’opposition puissent lire les documents confidentiels une fois dotés de la cote de sécurité dite «très secrète».

Mme May a précisé que les références se trouvaient dans un résumé de 20 pages qu’elle a pu consulter plus tôt cette semaine. «Cela incluait des citations et des notes de bas de page renvoyant à des documents décrits par un titre de note d’informations, l’auteur du mémo, la date et souvent la désignation du niveau (de confidentialité) du document ainsi que son nombre de pages», a-t-elle spécifié.

Elle a ajouté avoir pu lire le rapport final de M. Johnston, entièrement confidentiel, qui tient sur cinq pages.

La cheffe des verts a indiqué avoir demandé au Bureau du Conseil privé d’avoir accès aux documents confidentiels listés dans le document de 20 pages. Elle a dit qu’elle attendait une réponse et qu’elle espérait pouvoir lire l’entièreté de l’information sensible «très bientôt».

«Ce n’est pas possible d’avoir confiance en quelque chose d’invisible», a-t-elle illustré.

Le Bureau du Conseil privé n’a pas répondu, dans l’immédiat, à une demande de commentaire de La Presse Canadienne.

Mme May souhaite avoir lu les documents avant que le gouvernement annonce une éventuelle enquête publique et indépendante sur l’ingérence étrangère. Une telle commission est réclamée depuis des mois par l’ensemble des partis d’opposition.

Le premier ministre Justin Trudeau avait d’abord laissé entre les mains de l’ex-gouverneur général, M. Johnston, le soin de trancher en faveur ou non d’une commission d’enquête. Ce dernier a écarté l’idée dans un rapport préliminaire avant de démissionner en juin de son poste de rapporteur spécial. Les libéraux ont ensuite initié des pourparlers avec les partis d’opposition sur la suite des choses.

Le bureau du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, qui pilote ces discussions, n’a pas dit mot sur la possibilité que Mme May puisse consulter les documents référencés. 

«Nous veillerons à ce que les agences de sécurité travaillent avec elle sur les prochaines étapes appropriées», a déclaré par courriel Jean-Sébastien Comeau, attaché de presse du ministre LeBlanc.

Les chefs de tous les partis d’opposition ont été invités à consulter une annexe confidentielle du rapport préliminaire de M. Johnston, conformément à une recommandation de ce dernier.

M. Johnston a écrit que cette annexe «présente en détail les principales allégations portées par les médias et (…) comprend des extraits des documents de renseignement et d’autres produits qui m’ont mené à (ses) conclusions».

Seuls Mme May et le chef néo-démocrate Jagmeet Singh ont accepté l’offre de consulter l’annexe confidentielle.

Les chefs conservateur et bloquiste, Pierre Poilievre et Yves-François Blanchet, ont refusé parce qu’ils estiment que la cote de sécurité nécessaire pour lire l’information les réduirait au silence.

Mme May n’est pas de cet avis et a pressé MM. Poilievre et Blanchet de changer leur fusil d’épaule. «Je pense que si nous opérons ensemble en tant que groupe, c’est mieux», a-t-elle dit.

Quant à M. Singh, il a complété le processus d’obtention de la cote de sécurité et devrait prendre connaissance des documents prochainement.