L’accès aux terrasses est difficile pour les personnes handicapées au Québec

MONTRÉAL — L’été est pour plusieurs synonyme de boire et manger entre amis, attablés sur la terrasse de son restaurant préféré. L’accès aux terrasses n’est toutefois pas le même pour tout le monde. Des organismes dénoncent leur fréquente inaccessibilité pour les personnes handicapées à travers le Québec. 

Il n’y a pas de loi sur l’accessibilité dans la province, et il s’agit du nerf de la guerre pour Steven Laperrière, directeur général du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ).

«Par contre, de par la Charte des droits, il y a une obligation d’accommodement raisonnable sans contraintes excessives », précise M. Laperrière, en entrevue. 

L’été dernier, le RAPLIQ a recensé plus de 200 terrasses qui n’étaient pas accessibles aux personnes handicapées, à Montréal. Une quarantaine de commerçants se sont toutefois engagés auprès de l’organisme à rendre leur terrasse accessible. Le RAPLIQ effectuera sa tournée de vérification dans les prochaines semaines. 

«Ce qu’on entend par pas accessible, c’est que quelqu’un avec un fauteuil ne peut pas rentrer sans aide», explique Steven Laperrière. 

Même si une personne se déplaçant en fauteuil roulant peut entrer sur une terrasse, des obstacles à l’accessibilité peuvent demeurer. Par exemple, si uniquement des tables à pique-nique sont disponibles, une personne en fauteuil ne peut pas s’y attabler. Ou bien, si la terrasse comprend que des tables hautes de style «bistro», une personne handicapée ne pourrait pas s’y installer pour manger. 

Selon Anne-Sophie Verreault, codirectrice du Carrefour familial des personnes handicapées, un organisme qui œuvre dans la région de la Capitale-Nationale, les terrasses éphémères et celles qui ne sont pas accessibles en entrant par le restaurant sont souvent celles qui sont inaccessibles. 

«Il y a de nouvelles terrasses qui se créent d’année en année, et ça continue d’être créé de façon inaccessible. Puis je pense qu’en 2023, il faudrait s’assurer qu’il n’y ait personne qui soit exclu de nulle part», affirme-t-elle. 

Mme Verreault souligne que l’inaccessibilité des terrasses est un problème «répandu», qui ne se limite pas à Montréal et à Québec. 

Un manque de sensibilisation

Le Carrefour familial des personnes handicapées demande à la Ville de Québec de mettre en place une réglementation sur l’accessibilité des terrasses lors de leur construction. 

«On pense qu’il y a vraiment un manque de sensibilisation», explique Mme Verreault, disant que la ville doit informer les restaurateurs, pour qui l’accessibilité ne fait pas nécessairement partie de leur expertise. 

«C’est clair que lors de l’émission d’un permis, que ce soit à Montréal, à Québec, ou ailleurs, les personnes responsables (de délivrer) le permis devraient le dire de facto aux commerçants, qu’il faut que les terrasses soient accessibles », déclare Steven Laperrière. 

Il souligne que plusieurs restaurateurs sont «de bonne foi», et que certains ne sont pas au courant de leur devoir de fournir un «accommodement raisonnable» aux personnes utilisant un fauteuil roulant. 

Le RAPLIQ dénonce également que la définition d’un «accommodement raisonnable» est évasive. Par exemple, illustre M. Laperrière, une mesure peut être adéquate pour une personne qui utilise un fauteuil roulant manuel, mais ne pas l’être pour une personne qui se déplace en fauteuil électrique, ces appareils étant souvent plus imposants. 

«Je demeure persuadé de voir une amélioration sur le nombre de terrasses qui sont maintenant accessibles, mais je maintiens qu’il y en aura encore beaucoup, malheureusement, qui ne le seront pas», lance Steven Laperrière. 

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.