L’agence canadienne de cyberespionnage affirme avoir perturbé du «contenu nuisible»

OTTAWA — L’agence canadienne de cyberespionnage affirme avoir mené des opérations au cours de la dernière année pour perturber et supprimer «du contenu nuisible qui faisait la promotion du terrorisme et qui était diffusé en ligne par des extrémistes de l’étranger ayant des motivations idéologiques».

Dans son plus récent rapport annuel, déposé jeudi, le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) affirme que «cette perturbation a fragilisé la cohésion du groupe extrémiste et réduit considérablement sa portée en ligne et sa capacité de recrutement». Le rapport ne fournit toutefois aucun détail sur ces «extrémistes» ou sur leurs objectifs précis.

Le CST indique toutefois que le ministre fédéral de la Défense a autorisé quatre cyberopérations étrangères en 2022 – trois pour «contrer des adversaires étrangers» et une pour «protéger les systèmes du gouvernement du Canada et ceux ayant de l’importance pour lui contre des cyberactivités malveillantes».

Le CST a par ailleurs été en mesure de fournir aux partenaires nationaux et alliés des renseignements uniques sur les réseaux, les capacités, les motivations et les intentions derrière les activités extrémistes au cours de l’année écoulée, ajoute le rapport.

Le Centre de la sécurité des télécommunications (CST), basé à Ottawa, surveille les communications étrangères à la recherche de renseignements d’intérêt pour le Canada, protège les systèmes informatiques et s’engage dans des «cyberopérations» pour contrer les menaces provenant de l’étranger.

Le CST affirme avoir travaillé en étroite collaboration avec des partenaires nationaux et des alliés internationaux pour soutenir une réponse mondiale unifiée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Au cours de l’année dernière, le Centre pour la cybersécurité, qui fait partie du CST, a par ailleurs informé l’Ukraine de «cyberactivités hostiles menées contre son infrastructure nationale» et des vulnérabilités de ses réseaux, dans le but de prévenir les dommages.

«Ces alertes ont été rendues possibles grâce aux données communiquées au CST de façon proactive par les autorités ukrainiennes», lit-on dans le rapport.

Le 17 mars 2022, la ministre de la Défense nationale a signé deux arrêtés ministériels pour désigner l’information électronique et les réseaux de l’Ukraine et de la Lettonie voisine comme «des systèmes d’importance» pour le gouvernement du Canada, indique le rapport annuel.

C’est la première fois qu’un ministre utilise ces pouvoirs en vertu de la Loi sur le CST pour désigner des «entités de l’extérieur du Canada» comme étant des «systèmes d’importance».

«Grâce à ces désignations, le CST peut apporter de l’assistance en matière de cybersécurité aux entités désignées et ainsi aider à les protéger, indique-t-on. Les arrêtés sont encore en vigueur et le CST continue d’apporter son assistance.»

Le CST entretient d’étroites relations de partage de renseignements avec les autres pays des «Five Eyes» – les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le rapport indique qu’en janvier 2023, le CST a recommencé à partager des métadonnées avec ces quatre partenaires, après ce qu’il appelle «un long processus approfondi visant à résoudre des préoccupations en matière de protection de la vie privée».

Les métadonnées sont des informations associées à une communication, telles qu’un numéro de téléphone ou une adresse courriel, mais pas le message lui-même.

En 2016, le «chien de garde» de l’agence à l’époque a déclaré que le CST avait enfreint la loi fédérale sur la protection de la vie privée en partageant des informations sur les Canadiens, sous forme de métadonnées, avec des partenaires étrangers.

Lors de la collecte de métadonnées, le CST est tenu de prendre des mesures pour protéger la vie privée des Canadiens.

Le chien de garde a déclaré à l’époque que le service d’espionnage avait découvert par lui-même que certains types de métadonnées contenant des informations sur l’identité canadienne n’étaient pas correctement «minimisées» —   dépouillées de détails potentiellement révélateurs — avant d’être partagées avec les principaux partenaires étrangers du CST.

Le CST a informé le chien de garde, ainsi que le ministre de la Défense, de l’affaire. L’agence d’espionnage a alors suspendu le partage de ces métadonnées avec ses partenaires.