Le Canada formera aussi en Lettonie des militaires ukrainiens

OTTAWA — La ministre de la Défense, Anita Anand, a annoncé mercredi que des militaires canadiens et lettons commenceront à former des soldats ukrainiens dans le pays balte dès la semaine prochaine.

Cela signifie que le Canada ajoute un troisième pays, la Lettonie, à son effort de formation de personnel militaire. Cette opération «Unifier» est déjà active en Pologne et au Royaume-Uni.

Mme Anand a déclaré que cet élargissement reflétait l’engagement du Canada à aider l’Ukraine à gagner la guerre contre la Russie. «C’est aussi une reconnaissance que notre monde devient de plus en plus sombre, et qu’un an et demi après la nouvelle invasion illégale et injustifiable de l’Ukraine par (le président russe) Vladimir Poutine, nous ne pouvons pas lâcher prise, a déclaré la ministre. Cette guerre ne semble pas avoir de fin à court terme.»

Le Canada a formé plus de 36 000 militaires des Forces armées ukrainiennes depuis 2015, l’année suivant l’annexion de la Crimée par la Russie. Le programme en Lettonie devrait fournir une formation de développement pour les officiers subalternes. 

La ministre Anand a fait cette annonce mercredi après sa rencontre avec son homologue lettone. La ministre Ināra Mūrniece a déclaré qu’il y avait un sentiment d’urgence dans la région des pays baltes pour maintenir le soutien à l’Ukraine, 18 mois après l’invasion russe. «Mon pays comprend la situation. Nous sommes très proches de la zone de guerre», a-t-elle rappelé.

L’assistance militaire de la Lettonie à l’Ukraine représente désormais 1 % du PIB de ce pays, dans le cadre d’un effort global pour renforcer sa préparation, a déclaré la ministre Mūrniece. «Nos dépenses militaires ont atteint 2,3 % du PIB. Cela signifie que notre aide militaire à l’Ukraine représente environ la moitié de notre budget militaire», a-t-elle précisé. Ces dépenses devraient bientôt grimper à 3 % du PIB, bien au-dessus de l’objectif de 2 % fixé par les pays de l’OTAN.

Le Canada demeure en deçà de cet objectif de dépenses, à environ 1,4 % de son PIB. Le «Washington Post», citant des documents confidentiels divulgués en ligne, écrivait récemment que le premier ministre Justin Trudeau avait déclaré en privé aux responsables de l’OTAN que le Canada n’atteindrait jamais cet objectif.

L’aide militaire du Canada à l’Ukraine s’élève par ailleurs à plus d’un milliard de dollars jusqu’ici.

La «brigade apte au combat»

Les ministres Anand et Mūrniece s’étaient aussi rendues mardi à la base de Petawawa, en Ontario. Leurs rencontres ont porté sur le plan visant à transformer en «brigade apte au combat» un groupement tactique de l’OTAN actuellement dirigé par le Canada en Lettonie. Cet engagement avait été pris dans une déclaration commune signée en juin 2022, mais les plans en sont encore à leurs débuts.

«La prochaine étape consistera à établir le développement des forces», a déclaré Mme Anand, ajoutant qu’une autre étape consisterait à définir les capacités critiques des armées des pays alliés.

Le Canada a déjà annoncé qu’il se procurait de toute urgence des systèmes de défense antichar, antidrone et antiaérien. Mme Anand a déclaré qu’elle et son homologue lettone avaient rencontré des représentants des 10 autres pays faisant partie du groupement tactique lors des réunions des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles, en février. 

Des négociations sont en cours pour déterminer ce que chacun peut apporter à cette brigade. «Le processus se déroule bien», a assuré Mme Anand.

Environ 800 militaires des Forces armées canadiennes sont actuellement déployés en Lettonie, mais on ne sait toujours pas combien seraient nécessaires pour joindre la brigade.

Or, l’armée canadienne est actuellement à bout de souffle, avec plus de 16 000 postes vacants et des demandes accrues du monde entier et de tout le pays. Encore récemment, l’Alberta a demandé l’aide de l’armée pour faire face à une saison précoce des feux de forêt, qui a entraîné l’évacuation de milliers de personnes.