Le Dr Julien demande que l’école soit reconnue comme un service essentiel

MONTRÉAL — Entre les virus et les grèves, les enfants québécois ont été trop souvent privés d’éducation, dénonce le Dr Gilles Julien. Cela a d’importantes conséquences sur leur santé, soutient le pédiatre qui réclame que l’école soit reconnue comme un service essentiel.

Les enfants ayant fait leur entrée en première année en septembre 2019 s’approchent de la fin de leur parcours primaire en n’ayant pratiquement pas connu d’année scolaire standard. Les mesures sanitaires ont forcé la fermeture des écoles, des catastrophes naturelles ont entraîné d’autres journées sans classe et maintenant le conflit de travail dans le secteur public prive les enfants d’apprentissages.

Selon le Dr Gilles Julien, dont la fondation a développé l’approche de pédiatrie sociale partout au Québec, les enfants ne devraient jamais être privés d’école.

«On n’a pas de services essentiels en éducation et c’est une catastrophe pour les enfants», plaide-t-il en parlant des graves conséquences sur leur développement. Il souligne que l’enfance est la période de la vie où l’on apprend à une vitesse folle et qu’il faut en profiter au maximum.

Le médecin qui traite certains des enfants les plus vulnérables de la société explique que le contexte sanitaire et économique n’a fait que fragiliser davantage ses jeunes patients. 

«Les enfants commençaient à se relever un peu de la pandémie et de la non-fréquentation scolaire et là, tout à coup, on les remet en arrêt d’éducation», dénonce-t-il en entrevue à La Presse Canadienne.

D’après le Dr Julien, la fermeture des classes envoie un très mauvais signal aux jeunes. Ceux-ci peuvent alors sentir qu’ils ne sont pas importants ou que l’éducation n’a pas de valeur puisqu’on peut mettre l’école sur pause n’importe quand sans problème.

Or, les conséquences sont dramatiques, insiste-t-il. Au cours des trois premières années de la pandémie, le pédiatre a vu des troubles d’apprentissage s’aggraver et des troubles de comportement se multiplier.

Le Dr Julien explique que les bouleversements dans l’environnement des tout-petits créent «des stress toxiques» qui provoquent à leur tour énormément d’anxiété.

Dans une lettre d’opinion publiée cette semaine par Le Devoir, l’homme qui se porte à la défense des enfants invoque la Convention relative aux droits de l’enfant qui reconnaît le droit à l’éducation sur la base de l’égalité des chances. Il martèle qu’on doit en faire «obligatoirement» une «valeur fondamentale» de notre société.

Plus loin, le Dr Julien donne l’exemple des enfants ayant des troubles de développement, des troubles d’apprentissage ou des difficultés psychoémotives. Ceux-ci souffrent davantage des fermetures scolaires. 

«Les retards ne font qu’empirer, les troubles se complexifier et l’anxiété devenir chronique et toxique», écrit-il en blâmant «l’insouciance des décideurs».

S’il considère la grève des enseignants comme étant «bien justifiée», le pédiatre social en appel tout de même à une sérieuse réflexion sur l’ajout de l’école à la liste des services essentiels. Il dit craindre la démotivation des enfants et des conséquences à long terme pouvant ultimement mener à des décrochages qui auraient pu être évités.

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