Le taux d’emploi des minorités visibles au Québec meilleur qu’en Ontario, selon l’ISQ

MONTRÉAL — Le taux d’emploi chez les personnes issues des minorités visibles du Québec était plus élevé que celui de leurs voisins ontariens en 2021. Un écart demeurait toutefois avec le reste de la population québécoise, tout comme pour le revenu d’emploi moyen. 

C’est ce que révèle une nouvelle étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ)se penchant sur les minorités visibles et le marché du travail, publiée mardi.

Le taux d’emploi chez ces personnes âgées de 25 à 64 ans était en 2021 de 73,6 %, tandis que celui du reste de la population du même âge s’élevait à 76,9 % dans la Belle province. 

Divisées en groupes d’appartenance, les statistiques indiquent que les personnes noires avaient un taux d’emploi (78,8%) plus élevé que le reste des Québécois. Chez les hommes noirs, il grimpait à 81,2 %, selon l’ISQ. 

«Il y a eu des améliorations du taux d’emploi chez les personnes noires. Même au niveau des études, que ce soit secondaire, postsecondaire ou universitaire, c’est un groupe qui se distingue en ayant des taux assez proches de ceux qui ne sont pas de minorités visibles», souligne en entrevue l’auteur de l’étude, l’analyste Luc Cloutier-Villeneuve. 

Les populations latino-américaines et arabes affichaient respectivement, pour leur part, des taux d’emploi de 76,2% et de 70,8 %. Chez les personnes d’origine chinoise et sud-asiatique, cette proportion tombait autour de 67%. 

Par ailleurs, les personnes des minorités visibles non immigrantes ont un taux d’emploi (78%) semblable à celui du reste de la population, note l’ISQ. 

L’analyse indique que le taux d’emploi des minorités visibles du Québec faisait meilleure figure que celui de l’Ontario (70,1 %), mais il était similaire à celui de la Colombie-Britannique (73,8%). 

Chez certains groupes, l’écart était encore plus prononcé entre le Québec et l’Ontario. Par exemple, les Québécois issus des populations arabes avaient un taux d’emploi supérieur d’environ 13 points de pourcentage à celui de leurs compatriotes ontariens. 

Connaissance du français, un atout

Le portrait de l’ISQ n’ a pas examiné les facteurs pouvant expliquer une meilleure participation au marché du travail des personnes noires, ou encore latino-américaines et arabes, en comparaison avec d’autres minorités établies au Québec. 

M. Cloutier-Villeneuve avance l’hypothèse de la maîtrise du français comme un «aspect favorable». 

«Souvent les personnes d’origine haïtienne ou d’Afrique du Nord ont le français comme langue maternelle, ou ils ont des profils francotropes. C’est certain que c’est un avantage pour pouvoir travailler facilement au Québec», évoque-t-il. 

Globalement, tous les groupes d’appartenance à une minorité visible ont vu se rétrécir l’écart du taux d’emploi avec celui du reste de la population, entre 2016 et 2021. 

M. Cloutier-Villeneuve estime qu’une meilleure scolarisation des personnes issues des minorités visibles a possiblement pu jouer en faveur de cette amélioration. 

Des écarts de revenus qui subsistent

Il reste néanmoins un écart important en matière de revenu, bien qu’une embellie a été observée par l’ISQ. 

En 2019, le salaire moyen des personnes issues de minorités visibles âgées de 25 à 64 ans s’élevait à environ 43 840 $. Il était alors d’environ 56 350 $ chez les personnes n’étant pas issues de minorités visibles. 

Il s’agit d’un écart de 22 %, en baisse tout de même par rapport à 2015 où il était plutôt de 28 %. L’ISQ a utilisé des données de 2019 voulant éviter de prendre en compte les impacts de la pandémie. 

La diminution a été plus marquée chez les personnes arabes, à savoir de moitié, passant d’un écart de 31 à 15 %. Chez les populations noires, la réduction a été plus minime, l’écart s’établissant à près de 26 %, en comparaison à environ 30 % en 2015. 

«On voit donc qu’il y a des groupes qui s’en sortent un peu mieux que d’autres. Les écarts subsistent, il y a des améliorations  de façon générale. Mais il y a encore des enjeux en matière de revenu d’emploi», résume M. Cloutier-Villeneuve. 

Les facteurs en cause sont multiples, précise l’analyste en statistique du travail. Il énumère, entre autres, les choix éducationnels ou le fait de travailler et d’étudier à la fois. 

La littérature pointe également vers d’autres facteurs comme la reconnaissance des diplômes, le manque d’expérience de travail dans le pays d’accueil, la connaissance des langues officielles, des cultures favorisant davantage la présence des femmes à la maison et la discrimination, indique M. Cloutier-Villeneuve.